Microbiote intestinal, métabolites sanguins et immunité de la rate chez les poulets de chair nourris de marc de petits fruits et de produits d’extraction enrichis en polyphénols

Citation

Das, Q., Islam, M.R., Lepp, D., Tang, J., Yin, X., Mats, L., Liu, H., Ross, K., Kennes, Y.M., Yacini, H., Warriner, K., Marcone, M.F., Diarra, M.S. (2020). Gut Microbiota, Blood Metabolites, and Spleen Immunity in Broiler Chickens Fed Berry Pomaces and Phenolic-Enriched Extractives. Frontiers in Veterinary Science, [online] 7 http://dx.doi.org/10.3389/fvets.2020.00150

Résumé en langage clair

Les antibiotiques ont été utilisés pour prévenir des maladies comme la nécrose intestinale appelée entérite nécrotique chez les poulets de chair. En raison de la récente restriction de l’utilisation d’antibiotiques dans la production d’animaux destinés à l’alimentation et de la demande croissante des consommateurs pour de la viande de poulet biologique sans antibiotiques, il est urgent d’élaborer des stratégies rentables pour la production de poulets biologiques et sans antibiotiques afin de maintenir et/ou d’améliorer leur santé, l’efficacité de leur production et leur innocuité alimentaire. Le marc de petits fruits, un sous-produit de l’industrie de la transformation des fruits, contient plusieurs composés ayant des propriétés favorisant la santé et des propriétés antimicrobiennes agissant contre les bactéries pathogènes, quel que soit leur profil de résistance aux antibiotiques. À l’heure actuelle, l’utilisation de sous-produits de petits fruits comme compléments alimentaires dans la production de poulets de chair est limitée. Par conséquent, au cours de l’étude dont le présent article fait état, nous avons examiné les effets de l’ajout aux aliments de différentes doses (1 % ou 2 %) de marc de canneberge (CP1 et CP2) et de bleuet sauvage (BP1 et BP2) biologiques ainsi que d’extraits de ces fruits à 150 (COH150 et BOH150) ou à 300 ppm (COH300 et BOH300) chez des poulets de chair pendant 30 jours d’élevage. Les résultats ont montré que la présence de COH300 et la présence de BOH300 dans les aliments augmentaient le poids corporel respectivement durant les 10 premiers jours et du 10e au 20e jour, tandis que la présence de COH150 améliorait l’indice de conversion alimentaire global par rapport au témoin. Le plus faible nombre de cas d’entérite nécrotique comparativement au groupe recevant des rations avec bacitracine, un antibiotique classique, a été observé dans les groupes recevant les rations CP1 et BP1. Bien qu’il n’y ait aucune preuve claire d’une réponse proportionnelle à la dose, l’ajout aux aliments de produits à base de petits fruits a amélioré la santé intestinale par la modulation de l’abondance des microbes intestinaux tels que les acidobactéries et les lactobacillacées, tout en influant simultanément sur l’immunité des poulets de chair.

Résumé

© 2020, Das, Islam, Lepp, Tang, Yin, Mats, Liu, Ross, Kennes, Yacini, Warriner, Marcone et Diarra. Dans le cadre de cette étude, nous avons évalué la performance de production, le microbiote intestinal et les métabolites sanguins de poulets de chair nourris de produits à base de canneberges et de bleuets pendant 30 jours. Au total, 2 800 poussins de chair Cobb-500 mâles d’un jour ont été répartis au hasard dans 10 groupes recevant des rations différentes : rations de base témoin; rations de base avec bacitracine (BACI); quatre types de rations de base avec 1 % ou 2 % de marc de canneberge (CP1, CP2) ou de bleuet (BP1, BP2); quatre rations de base complémentées d’un produit obtenu par extraction à l’éthanol de marc de canneberge (COH150, COH300) ou de bleuet (BOH150, BOH300). Tous les groupes étaient composés de sept répétitions (40 oiseaux par répétition). Des échantillons caecaux et cloacaux ont été prélevés pour le dénombrement des bactéries et le séquençage du gène codant pour l’ARNr 16S. Des échantillons de sang et les rates ont été analysés à la recherche respectivement de métabolites sanguins et d’expressions géniques. L’ajout de COH300 et l’ajout de BOH300 ont significativement augmenté le poids corporel (PC) respectivement pendant la phase de démarrage et la phase de croissance, tandis que l’ajout de COH150 a amélioré (P < 0,05) l’indice de conversion alimentaire (ICA) cumulé global par rapport au témoin. Les plus faibles nombres de cas (P = 0,01) d’entérite nécrotique comparativement au groupe BACI et au groupe témoin ont été observés dans les groupes CP1 et BP1. Comparativement aux autres traitements, le marc de canneberge a entraîné une augmentation significative de la concentration d’acide quinique dans le plasma sanguin. Aux jours 21 et 28, les taux les plus faibles (P < 0,05) de triglycérides et d’alanine aminotransférase ont été observés chez les oiseaux nourris de marc de canneberge et de produits dérivés du bleuet, ce qui laisse supposer une influence de l’alimentation à base de petits fruits sur le métabolisme des lipides et les taux d’enzymes sériques. L’abondance relative la plus élevée de Lactobacillaceae a été observée dans le caecum des oiseaux nourris au CP2 (P < 0,05). Dans le cloaque, BOH300 a significativement augmenté (P < 0,005) l’abondance des Acidobacteria et des Lactobacillaceae. Les Actinobacteria ont présenté une corrélation négative significative (P < 0,05) avec l’indice de consommation (IC) et l’ICA chez les oiseaux traités aux rations de COH300, tandis que les Proteobacteria étaient en corrélation positive avec le poids corporel, mais négative avec l’IC et l’ICA, durant la phase de croissance. Dans la rate, les produits à base de canneberge n’ont pas induit la libération de cytokines pro-inflammatoires, mais ont régulé à la hausse l’expression de plusieurs gènes (IL4, IL5, CSF2 et HMBS) intervenant dans la réponse immunitaire adaptative chez les poulets de chair. Cette étude a démontré que l’ajout de produits à base de petits fruits aux aliments des poulets de chair pourrait favoriser leur santé intestinale par la modulation de la dynamique du microbiote intestinal, tout en influant sur leur métabolisme.