Repenser les programmes de lutte biologique comme des invasions planifiées

Les insectes nuisibles envahissants causent d’importantes pertes agricoles au Canada et ont des impacts environnementaux néfastes. La biologie des invasions consiste à étudier les facteurs qui influent sur l’arrivée, l’établissement et la propagation des espèces envahissantes et à comprendre leurs impacts environnementaux et économiques. Par exemple, une théorie approfondie a été élaborée et mise à l’essai pour expliquer les caractéristiques qui font qu’une espèce est envahissante et qui rendent les habitats vulnérables à une invasion. Dans le présent article, nous passons en revue les récents progrès de la biologie des invasions qui pourraient éclairer les stratégies d’amélioration de la lutte antiparasitaire au moyen d’insectes auxiliaires (ennemis naturels des ravageurs). Nous soutenons que les caractéristiques et les facteurs environnementaux qui rendent les ravageurs envahissants peuvent être semblables aux facteurs qui favorisent un biocontrôle efficace par les ennemis naturels qui ont été introduits intentionnellement dans une culture pour lutter contre des ravageurs. Nous révélons que certains progrès ont été accomplis en ce qui concerne la compréhension : i) des caractères biologiques des envahisseurs qui ont un bon taux d’établissement; ii) de la façon dont les espèces envahissantes interagissent avec d’autres espèces dans les zones envahies; iii) de la façon dont les espèces envahissantes évoluent dans les années suivant leur introduction dans une nouvelle zone. Notre étude aidera les praticiens de la lutte biologique pour la protection des cultures à considérer l’utilisation d’ennemis naturels du « point de vue de l’envahisseur », ce qui contribuera à améliorer les taux de réussite des moyens de lutte biologique et permettra de réduire les impacts des insectes nuisibles envahissants.