À partir du milieu de la gestation, la restriction des éléments nutritifs chez la mère influe sur l’expression de l’ARNm fœtal dans les tissus musculaires des bovins de boucherie

Citation

Paradis, F., Wood, K.M., Swanson, K.C., Miller, S.P., McBride, B.W., Fitzsimmons, C. (2017). Maternal nutrient restriction in mid-to-late gestation influences fetal mRNA expression in muscle tissues in beef cattle. BMC Genomics, [online] 18(1), http://dx.doi.org/10.1186/s12864-017-4051-5

Résumé en langage clair

Dans cette étude, des vaches gestantes ont été nourries avec un régime alimentaire fournissant 85 % ou 140 % des besoins énergétiques à partir du milieu de la gestation afin de nous permettre de déterminer l’effet de la restriction alimentaire sur le développement du fœtus et l’expression des gènes intervenant dans la croissance ainsi que dans la formation des muscles et des graisses. Les résultats montrent que la restriction en éléments nutritifs a un effet sur le poids de la mère, mais aucune différence n’a été constatée dans le poids ou la taille des fœtus. Les fœtus de mères soumises à des restrictions alimentaires avaient une expression accrue de plusieurs gènes du longissimus dorsi (LD), un muscle du dos, mais aucune différence significative n’a été trouvée dans un muscle de la jambe appelé muscle semi-tendineux (ST). La restriction alimentaire a eu un effet plus important sur le niveau de méthylation de la région 2 différentiellement méthylée (DMR2) du gène de croissance IGF2 dans le muscle LD que dans le muscle ST. Il y avait une corrélation négative entre l’expression de l’IGF2 et le niveau de méthylation de la DMR2 de l’IGF2 dans les muscles LD et ST. Les données semblent indiquer que la restriction alimentaire à partir du milieu de la gestation peut modifier l’expression des gènes intervenant dans la croissance ainsi que dans la formation des muscles et de la graisse chez le fœtus sans qu’il n’y ait de différences apparentes dans les caractéristiques observables du fœtus telles que le poids. Il semble également que l’effet des restrictions alimentaires varie d’un muscle à l’autre, ce qui donne à penser qu’il y aurait des priorités dans le partage des éléments nutritifs selon la fonction et/ou la composition du muscle.

Résumé

© 2017, Les auteurs. Contexte. La manipulation de la nutrition maternelle pendant des périodes précises de la gestation peut entraîner une reprogrammation du développement fœtal et post-natal. Dans cette expérience, nous avons examiné comment la restriction de l’alimentation des vaches en milieu de gestation (85 % des besoins totaux en énergie métabolisable par rapport à 140 %) influait sur le développement phénotypique des fœtus et l’expression de l’ARNm des gènes de croissance (famille des facteurs de croissance insulinomimétiques et récepteurs d’insuline [INSR]), des gènes myogéniques (différenciation myogénique 1 [MYOD1], myogénine [MYOG], facteur 2A de renforcement des myocytes [MEF2A], facteur de réponse sérique [SRF]) et des gènes adipogéniques (PPARG : Peroxisome Proliferator Activated Receptor Gamma) dans le muscle longissimus dorsi (LD) et le muscle semi-tendineux (ST) du fœtus. La méthylation de l’ADN des gènes à empreinte parentale, le facteur de croissance insulinomimétique 2 (IGF2) et le récepteur du facteur de croissance insulinomimétique 2 (IGF2R), ainsi que l’expression des micro-ARN (miARN), ont également été examinés en tant que conséquences possibles d’une mauvaise nutrition maternelle, mais aussi en tant que régulateurs potentiels de modèles d’expression génique modifiés. Résultats. Même si la restriction des éléments nutritifs a eu un effet sur le poids corporel de la mère, aucune différence n’a été observée dans les paramètres phénotypiques du fœtus (poids, longueur vertex-coccyx ou circonférence du thorax). Il est intéressant de noter que les muscles LD et ST ont réagi différemment aux différentes quantités prénatales d’éléments nutritifs. Alors que le LD des veaux soumis à une restriction d’éléments nutritifs présentait une plus grande abondance d’ARNm pour le facteur de croissance insulinomimétique 1 et son récepteur (IGF1 et IGF1R), de même que pour IGF2R, INSR, MYOD1, MYOG et PPARG, aucune différence significative de l’expression de ces gènes n’a été observée dans le muscle ST. De même, la restriction alimentaire a eu un effet plus important sur le niveau de méthylation de l’IGF2 dans la région 2 de méthylation différentielle (DMR2) dans le muscle LD par rapport au muscle ST. Il y avait une corrélation négative entre l’expression de l’ARNm de l’IGF2 et le niveau de méthylation de la DMR2 de l’IGF2 dans les deux muscles (LD et ST). Une expression différentielle des miARN 1 et 133a a également été relevée dans le muscle LD. Conclusions. Nos données suggèrent que, pendant la 2e moitié de la gestation, un apport en éléments nutritifs limité à 85 % des besoins totaux en énergie métabolisable (par rapport à 140 %) peut modifier l’expression des gènes de croissance, de même que celle des gènes myogéniques et adipogéniques dans les muscles du fœtus sans qu’il n’y ait de différences apparentes dans le phénotype fœtal. Il semble également que l’effet de la restriction alimentaire varie d’un muscle à l’autre, ce qui suggère des priorités dans le partage des éléments nutritifs selon la fonction musculaire et/ou de la composition des fibres. Nous avons constaté des différences dans le niveau de méthylation du gène de l’IGF2, un gène à empreinte parentale bien connu, ainsi que dans l’expression des miARN. Il pourrait s’agir de mécanismes fonctionnels qui précèdent les différences d’expression génique observées et qui pourraient conduire à une programmation épigénétique trans-générationnelle.

Date de publication

2017-08-18

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