Utilisation de compost et de fumier de volaille comme amendement du sol avant le semis de framboisiers rouges : effets comparatifs sur le nématode des racines, la qualité du sol et le risque de lessivage de nitrates

Citation

Forge, T., Kenney, E., Hashimoto, N., Neilsen, D., Zebarth, B. (2016). Compost and poultry manure as preplant soil amendments for red raspberry: Comparative effects on root lesion nematodes, soil quality and risk of nitrate leaching. Agriculture, Ecosystems and Environment, [online] 223 48-58. http://dx.doi.org/10.1016/j.agee.2016.02.024

Résumé en langage clair

Avant de procéder au semis dans les champs de framboises de la Colombie-Britannique et du Nord-Ouest des États-Unis, on prépare souvent la terre par fumigation avec des biocides à large spectre pour lutter contre les agents phytopathogènes qui se trouvent dans le sol, et en particulier pour lutter contre le nématode des racines. L’amendement du sol avec certaines substances organiques, comme le fumier de volaille ou du compost fait à partir de fumier de volaille, peut également supprimer les agents phytopathogènes présents dans le sol et améliorer la qualité du sol et la croissance des framboises. Cependant, l’utilisation de tels amendements organiques peut poser d’autres risques pour l’environnement, comme le lessivage de l’excès d’azote sous forme de nitrate dans les eaux souterraines. Dans la présente étude, nous avons comparé le fumier de volaille et le compost à la fumigation pour ce qui est de leurs effets sur les populations de nématode des racines, sur les propriétés chimiques et physiques du sol, sur l’accumulation de nitrates et sur la croissance des jeunes plants de framboisier. Les traitements au fumier de volaille et au compost ont tous deux réduit les populations de nématode des racines et amélioré la porosité du sol presque aussi bien que la fumigation. Les framboisiers poussant dans le sol traité au fumier et au compost étaient plus gros que ceux poussant dans le sol non traité, mais toujours plus petits que ceux poussant dans le sol fumigé. Les traitements au compost et au fumier ont eu des effets différents : le compost a davantage augmenté le pH et la capacité de rétention des éléments nutritifs du sol par rapport au fumier, et des quantités substantielles de nitrates se sont accumulées dans le sol traité avec le fumier. Il y aurait donc un risque élevé de lessivage de nitrates dans le sol traité avec du fumier. Dans l’ensemble, l’application de compost semble être la solution de rechange la plus écologique à la fumigation pour réduire les populations de nématode des racines et pour améliorer la santé du sol et la croissance des framboisiers sans présenter un risque élevé de lessivage de nitrates.

Résumé

© 2016, publié par Elsevier B.V. Avant de procéder au semis dans les champs de framboises de la Colombie-Britannique et du Nord-Ouest des États-Unis, on prépare souvent la terre par fumigation avec des biocides à large spectre pour lutter contre le nématode des racines (Pratylenchus penetrans). Entraînant moins de risques que la fumigation, les amendements organiques suppresseurs de nématodes ont été préconisés comme solution de rechange. Or, les amendements organiques pourraient présenter d’autres risques pour l’environnement. Dans la présente étude, nous avons comparé d’autres pratiques de gestion du sol réalisées avant le semis en fonction de leurs effets sur les populations de nématodes phytoparasitaires, sur les paramètres de qualité du sol et sur le risque de lessivage de nitrates. À l’automne 2009 et 2010, un champ de framboises mûres a été fauché et labouré, puis subdivisé en parcelles recevant l’un des six traitements suivants : 1) témoin non amendé, 2) fumigation avec Basamid®, 3) culture d’orge couvre-sol ensemencée à l’automne, 4) dose d’application recommandée (20 m3 ha-1), 5) dose élevée de « biofumigant » (250 m3 ha-1) de fumier de volaille incorporé au printemps, et 6) compost incorporé au printemps (250 m3 ha-1). Des framboisiers cv Saanich ont été plantés environ un mois après l’incorporation des amendements. Nous avons prélevé des échantillons composites de sol dans chaque parcelle à plusieurs reprises au cours de deux saisons de croissance subséquentes, puis nous avons analysé les populations de nématodes ainsi que les propriétés chimiques et physiques du sol dans ces échantillons. À la fin de chacune des deux premières saisons de croissance, nous avons utilisé la biomasse des tiges fructifères comme indice de la vigueur des cultures. Les traitements faisant intervenir une quantité importante de fumier de volaille et de compost ont supprimé les populations de nématodes des racines presque aussi bien que la fumigation pendant deux saisons de croissance. Ces traitements ont également amélioré la densité apparente et l’agrégation du sol par rapport au témoin, à la culture couvre-sol et à la fumigation. De plus, par rapport à l’ajout de fumier, l’ajout de compost a entraîné une plus grande augmentation bénéfique du pH, de la CEC et des concentrations de Ca dans le sol. La production de tiges fructifères après les traitements au fumier et au compost était plus élevée que dans le cas du témoin et de la culture couvre-sol, mais moins élevée que dans le cas du traitement par fumigation. Puisque l’on a observé une accumulation substantielle de nitrate dans le sol amendé avec une quantité importante de fumier, il semble que l’application d’une quantité suffisante de fumier pour supprimer les nématodes parasitaires soit associée à un risque important de lessivage de nitrates. Par contre, l’accumulation de nitrate dans le sol n’était pas significativement accrue dans les parcelles amendées avec du compost. Dans l’ensemble, l’épandage de compost a réduit les populations de nématodes parasitaires et a amélioré la croissance des cultures sans augmenter le risque de lessivage de nitrates à court terme. Ce traitement pourrait donc représenter une solution de rechange viable à la fumigation.

Date de publication

2016-05-01

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