Nouvelle description des acariens utilisés comme agents de lutte biologique Neoseiulus californicus sensu Athias-Henriot (1977) et N. barkeri (Hughes) (Mesostigmata : Phytoseiidae), évaluation de leur synonymie et clarification de l’identité du N. califo

Citation

Beaulieu F, Beard JJ. 2018. Acarine biocontrol agents Neoseiulus californicus sensu Athias-Henriot (1977) and N. barkeri (Hughes) (Mesostigmata: Phytoseiidae) redescribed, their synonymies assessed, and the identity of N. californicus (McGregor) clarified. Zootaxa 4500(4): 451-507.

Résumé en langage clair

Cet article précise l’identité d’une importante espèce d’acarien prédateur qui est utilisée comme agent de lutte biologique contre des ravageurs de cultures partout au monde. L’étude montre que, depuis 40 ans, cette espèce d’acarien a été désignée par un nom erroné (Neoseiulus californicus). Il semble que l’espèce initialement décrite comme N. californicus (par McGregor en 1956) est en fait une espèce distincte identifiée comme Neoseiulus barkeri (donc deux noms ont été donnés à une seule espèce), qui est également utilisée comme agent de lutte biologique contre des ravageurs de cultures. L’attribution du mauvais nom à l’espèce s’explique par son identification erronée, accompagnée d’une nouvelle description, qui a été faite tôt (en 1977, voire avant), ce qui a mené à l’utilisation erronée du nom N. californicus. L’espèce universellement désignée N. californicus, l’acarien prédateur utilisé comme agent de lutte biologique partout au monde, a donc besoin d’un nouveau nom, à moins que la communauté scientifique accepte de garder le nom N. californicus pour l’espèce. Pour changer ce nom, il faut en faire la demande à la Commission internationale de nomenclature zoologique (CINZ), qui peut trancher les questions concernant la dénomination des espèces animales. Les auteurs (F. Beaulieu et J. Beard) préparent actuellement une demande à la CINZ pour ce faire. En plus de résoudre ce problème taxonomique, l’article présente des diagnoses et de nouvelles descriptions des deux espèces utilisées comme agents de lutte biologique afin de faciliter leur identification future.

Résumé

En 1954, McGregor a décrit deux espèces de phytoséiidés recueillies sur des citrons en Californie (États Unis) : Typhlodromus californicus McGregor et T. mungeri McGregor, la première représentée par un mâle, et la seconde par deux femelles. Depuis sa description, T. mungeri a été synonymisé avec T. californicus, et le nom T. (maintenant Neoseiulus) californicus est largement utilisé pour désigner l’espèce qui sert couramment d’agent de lutte biologique contre des ravageurs de cultures partout au monde. Or, on ne connait pas la véritable identité de l’agent de lutte biologique parce que les descriptions initiales du T. californicus et du T. mungeri n’étaient pas suffisamment détaillées et ne portaient que sur des spécimens d’un seul sexe. De plus, les spécimens types pour les deux espèces sont considérés comme perdus. Dans cette étude, nous analysons et comparons les caractères décrits dans les descriptions initiales du T. californicus et du T. mungeri et réévaluons leur synonymie. Nous montrons qu’il s’agit probablement d’une seule espèce qui est assurément distincte de l’agent de lutte biologique désigné N. californicus (sensu Athias-Henriot, 1977; voir Griffiths, 2015). Notre analyse range clairement cet agent de lutte biologique dans le groupe d’espèces de N. cucumeris, et le Neoseiulus californicus de McGregor dans le groupe d’espèces de N. barkeri. Nous comparons les deux descriptions avec des spécimens recueillis sur des citrons dans le sud de la Californie (1952 1958) que McGregor a également examinés et identifiés (diverses espèces), ainsi qu’avec des spécimens de N. barkeri Hughes. Nos analyses montrent que les spécimens (un mâle, cinq femelles) recueillis sur des citrons en Californie sont conspécifiques avec le N. barkeri et que les mâles et femelles du N. barkeri présentent d’importantes similarités avec les descriptions du T. californicus et du T. mungeri faites par McGregor. Nous nous appuyons sur une série d’observations pour soutenir que N. californicus et N. mungeri sont des synonymes plus récents de N. barkeri. Nous présentons une nouvelle description du mâle et de la femelle du N. barkeri et du N. californicus sensu Athias-Henriot (1977), d’après l’observation de spécimens représentatifs d’au moins 13 et 18 populations, respectivement. Nous réévaluons plusieurs de leurs synonymies putatives, d’après l’examen des spécimens types dans certains cas, notamment la synonymie de N. chilenensis (Dosse) et de N. californicus. Nous formulons également des hypothèses sur les raisons pour lesquelles Chant (1959) a erronément synonymisé T. californicus et T. mungeri avec T. marinus (Willmann), une espèce qui appartient manifestement au groupe d’espèces de N. cucumeris. Enfin, nous suggérons de continuer d’utiliser le nom N. californicus sensu Athias-Henriot (1977) et de n’établir la synonymie de T. californicus et de T. mungeri avec N. barkeri que lorsque les spécialistes des phytoséiidés se seront entendus sur la façon de résoudre cet important problème de nomenclature.

Date de publication

2017-05-01