Augmenter l'énergie dans les fourrages - Résultats des 10 dernières années de recherche… et plus!

Citation

Claessens, A. Séguin, P. & Thériault, M. 2024. Augmenter l'énergie dans les fourrages - Résultats des 10 dernières années de recherche … et plus! Colloque sur les plantes fourragères. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 22 février 2024, Drummondville, Québec, Canada.

Abstract

Quand l’apport en protéines dégradables dans le rumen est élevé, comme c’est le cas pour la luzerne, et que l’énergie de la ration est insuffisante, une partie de l’azote de la plante échappe à la digestion microbienne et peut être rejetée dans l'environnement sous forme d'urée. Pour minimiser ces pertes d’azote et assurer une conversion efficace des protéines des fourrages en protéines microbiennes servant notamment à la production de lait, suffisamment d’énergie doit être rapidement disponible. Dans le but d’augmenter la production de lait fourrager, il semble judicieux de maximiser l’énergie rapidement fermentescible, soit les glucides non fibreux (GNF), directement dans les fourrages. Nous étudions, depuis plusieurs années déjà, la question de l’énergie dans les fourrages sous divers angles. Les conclusions des recherches réalisées au cours des 10 dernières années, et plus, seront passées en revue.
Plusieurs facteurs, dont la régie et la génétique, influencent la concentration en GNF des fourrages. Contrairement aux concentrations en fibres et à la digestibilité des fourrages, il semble que les concentrations en GNF varient peu selon le stade de développement de la plante. L’étude de Bélanger et coll. (2023) rapporte une augmentation des GNF de + 1 à 2 unités de pourcentage de la matière sèche (% MS) lorsque la coupe est faite au stade début boutons (gestion intensive), par rapport au stade début floraison (gestion extensive). Le patron diurne et le niveau d’ensoleillement ont une influence importante sur les concentrations en GNF des fourrages. Les recherches québécoises ont confirmé que la fauche en après-midi augmente la concentration en sucres solubles et en amidon des fourrages, augmentation oscillant entre + 1 et 5 % MS au moment de la fauche (Brito et coll. 2008; Tremblay et coll. 2014; Antaya et coll. 2015; Brito et coll. 2016; Silva et coll. 2020; Claessens et coll. 2021). Des expériences ont démontré que, bien que les concentrations en GNF diminuent au cours du préfanage et de l’entreposage des fourrages, les différences significatives entre la fauche en AM et en PM sont généralement maintenues lorsque les fourrages sont alimentés aux vaches (Morin et coll. 2012; Tremblay et coll. 2014; Antaya et coll. 2015; Silva et coll. 2020). Il importe toutefois d’utiliser les moyens à notre disposition pour réduire ces pertes, par exemple en faisant des andains larges pour accélérer le préfanage (Morin et coll. 2012; Tremblay et coll. 2014). Les recherches des dernières années nous ont également permis de déboulonner le mythe qu’il y a plus d’énergie rapidement fermentescible dans les graminées que dans les légumineuses, puisque la pectine, présente chez les légumineuses seulement, doit être considérée lors de la détermination des quantités d‘énergie rapidement disponible (Bélanger et coll. 2023; Tremblay et coll. 2023). Il existe aussi de petites différences de GNF, de l’ordre de + 1 à 3 % MS, entre les espèces d’une même famille, soit parmi les légumineuses et parmi les graminées (Pelletier et coll. 2010; Bélanger et coll. 2023; Tremblay et al. 2023). Toutefois, les considérations agronomiques telles que la persistance, la productivité et l’adaptation priment lors du choix des espèces fourragères. Des différences de GNF s’observent également entre les individus d’une même espèce, ce qui permet la sélection génétique pour ce caractère. Chez la luzerne, une méthode de sélection a été mise au point dans le but de développer une variété de luzerne plus riche en GNF. Nous avons ainsi obtenu une population avec des concentrations en GNF augmentées de 4,6 % MS par rapport à la population témoin.
Nous avons démontré que plusieurs petites décisions peuvent permettre d’obtenir un gain en énergie rapidement fermentescible dans les fourrages. Peu importe le moyen d’augmenter les GNF, ces augmentations engendrent généralement une diminution de la fibre plus importante que celle de la protéine, et une amélioration de la digestibilité de la matière sèche. Ces gains cumulés pourraient se traduire par une amélioration des performances animales et potentiellement une diminution des rejets d’azote dans l’environnement. Nous présenterons des simulations des bénéfices attendus en termes d’énergie nette de lactation et de lait fourrager.

Publication date

2024-02-22

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