Utilisation d’acide gallique et de tanins hydrolysables pour réduire les émissions de méthane et l’excrétion d’azote chez les bovins de boucherie recevant une ration contenant de l’ensilage de luzerne

Citation

Aboagye, I.A., Oba, M., Koenig, K.M., Zhao, G.Y., Beauchemin, K.A. (2019). Use of gallic acid and hydrolyzable tannins to reduce methane emission and nitrogen excretion in beef cattle fed a diet containing alfalfa silage. Journal of Animal Science, [online] 97(5), 2230-2244. http://dx.doi.org/10.1093/jas/skz101

Résumé en langage clair

Les tanins hydrolysables et les tanins condensés sont des composés secondaires des plantes qui peuvent former des complexes avec des fractions protéiques et glucidiques par des liaisons hydrogène. On sait que certains types de tanins améliorent l’utilisation de l’azote et diminuent la production de méthane chez les ruminants. Nous avons émis l’hypothèse selon laquelle l’ajout de tanins hydrolysables ou d’une composante des tanins hydrolysables à l’alimentation des bovins recevant une ration à base d’ensilage de luzerne riche en protéines pourrait diminuer à la fois l’excrétion urinaire d’azote et la production de méthane entérique. Nous avons mené une étude du métabolisme chez des bovins de boucherie afin de déterminer les effets des différentes formes de tanins sur la production de méthane. Parmi les différentes formes de tanins hydrolysables, l’acide tannique et la châtaigne n’ont pas eu d’effet sur la production de méthane, alors que la sous-unité d’acide gallique a diminué la production de méthane. Nous concluons que l’acide gallique peut diminuer l’impact des ruminants sur l’environnement sans diminuer leur rendement.

Résumé

©Droit d’auteur de la Couronne, 2019. L’objectif de cette étude était de déterminer les effets de différentes formes de tanins hydrolysables [TH; source (châtaigne, CN; acide tannique, AT); sous-unité (acide gallique, AG)] sur la digestibilité apparente dans l’ensemble du tube digestif, la production de méthane (CH4) et l’utilisation d’azote chez les bovins de boucherie recevant une ration à base d’ensilage de luzerne. Huit génisses munies d’une canule ruminale, ayant un poids corporel initial de 480 ± 29,2 kg (moyenne ± écart-type) ont été utilisées dans un plan en carré latin 4 × 4 répété. L’expérience consistait en quatre périodes de 28 jours (14 jours d’adaptation, 14 jours de mesures) et une période tampon de 7 jours entre les périodes expérimentales. Les animaux ont reçu une ration de base à 19,8 % de protéines brutes (base MS) contenant 75 % d’ensilage de luzerne, 20 % d’ensilage d’orge et 5 % de supplément (base MS) avec ou sans différentes formes de TH. Les traitements alimentaires étaient les suivants : témoin (pas de TH); AG (1,5 % de la MS de la ration); AT (1,5 % de la MS de la ration) et CN (2 % de la MS de la ration). Pendant la phase de mesure, les animaux avaient droit à 95 % de la ration à volonté. Toutes les matières fécales ont été collectées pendant 4 jours, le CH4 a été mesuré pendant 72 heures au moyen de chambres respiratoires, et les variables de la fermentation ruminale ainsi que la concentration d’azote uréique plasmatique ont été mesurées pendant 2 jours non consécutifs avant et après le repas. La MS restreinte (MSI; 10,79 ± 1,076 kg/j) et les apports en éléments nutritifs n’ont pas différé (p ≥ 0,22) d’un traitement à l’autre. De plus, la digestibilité apparente de la MS (60,3 ± 0,86 %) n’a pas varié (p = 0,20) selon le traitement, mais la digestibilité des protéines brutes a diminué avec l’AT et la CN par rapport au témoin et au traitement à l’AG (63,1 vs 69,0 %; p < 0,001). La concentration des acides gras volatils (AGV) totaux a eu tendance (p = 0,089) à augmenter avec l’AG par rapport au témoin et à l’AT (134 vs 125 et 126 mM) et à être intermédiaire avec la CN (129 mM). La concentration d’azote uréique plasmatique était plus faible pour tous les traitements avec TH par rapport au témoin (196 vs 213 mg/L; p = 0,02). L’AT et la CN ont tous les deux augmenté la proportion d’azote excrétée dans les matières fécales et diminué sa proportion dans l’urine par rapport au témoin et à l’AG (43,9 % vs 37,8 % et 56,1 % vs 62,2 %, respectivement; p < 0,001). Cependant, la proportion d’azote uréique dans l’azote urinaire a diminué pour tous les traitements avec TH par rapport au témoin (47,2 % vs 51,2%; p = 0,02). De même, l’AG a eu tendance à diminuer le rapport CH4/MSI (20,4 vs 22,3 g/kg de MSI; p = 0,07) et a réduit la proportion d’énergie brute ingérée émise sous forme de CH4 (5,16 vs 5,71 %; p = 0,04) par rapport au témoin. Ainsi, parmi les différentes formes de TH ajoutés à une ration à base d’ensilage de luzerne à haute teneur en protéines, l’AT et la CN n’ont pas eu d’effet sur la production de CH4, mais ont diminué la digestibilité des protéines brutes et déplacé l’excrétion d’azote de l’urine vers les matières fécales, tandis que l’AG (la sous-unité de TH) a diminué la production de CH4 et réduit la proportion d’azote uréique dans l’azote urinaire chez les bovins de boucherie sans influer sur la digestibilité des protéines brutes. Ainsi, l’ajout d’AG, la sous-unité des TH, peut diminuer l’impact environnemental des ruminants (diminuer les émissions de CH4 et d’ammoniac), sans nuire au rendement des animaux.