Stratégies nutritionnelles pour atténuer les émissions de méthane entérique des vaches laitières : état des connaissances et nouvelles perspectives.

Citation

Benchaar, C. 2022. Nutritional strategies to mitigate enteric methane emissions from dairy cows: state of knowledge and new perspectives. Proceeding of the 2022 Animal Nutrition Conference of Canada, pp. 184-200.

Résumé

À l’instar de tout système de production animale, la production laitière est confrontée à un défi
majeur, à savoir être écologiquement durable tout en maintenant et/ou en améliorant la
productivité pour assurer la compétitivité des exploitations et fournir aux consommateurs des
produits sûrs et de haute qualité. Le secteur laitier contribue aux émissions de gaz à effet de
serre, principalement par la production de gaz méthane (CH4) issu de la fermentation entérique.
Le potentiel réchauffement climatique du CH4 est 28 fois supérieur à celui du dioxyde de
carbone. De plus, le CH4 entérique est également une perte d'énergie productive (4 à 7 % de
l'apport énergétique brut) pour les vaches en lactation. Par conséquent, l'atténuation du CH4
entérique serait bénéfique à la fois d'un point de vue nutritionnel et environnemental. Plusieurs
stratégies alimentaires ont été suggérées pour atténuer la production de CH4 entérique. Ces
stratégies varient en fonction de leur effet (i.e., direct ou indirect) sur la méthanogenèse ruminale
et le degré d'inhibition du CH4 (i.e., faible, modéré, élevé). Dans l'ensemble, les interventions
alimentaires individuelles ont un effet d'atténuation faible à modéré (5 à 20 %) à l'exception du
3-nitrooxypropanol et des algues rouges (e.g., Asparagopsis taxiformis) pour lesquels des
diminutions allant jusqu'à 40 % ont été obsevées. L'ajout de lipides (insaturés) peut également
réduire de façon importante (jusqu'à 25 %) les émissions de CH4 entérique. Cependant, à un
niveau d'inclusion élevé (> 4 % sur une base de matière sèche), la productivité animale peut être
altérée, en particulier lorsque des lipides sont ajoutés dans des rations riches en amidon. Il a été
suggéré que la combinaison de stratégies d'atténuation avec des potentiels de diminution
relativement faibles pourrait permettre d'obtenir des réductions plus importantes. Cependant, cet
objectif ne sera atteint que si les effets des stratégies combinées s'additionnent. Quel que soit le
type d'intervention alimentaire, il est important de s'assurer que le gain obtenu via la réduction du
CH4 entérique n'est pas annulé par une augmentation des émissions ailleurs dans le système
agricole (par exemple, le fumier). L'adoption d’une stratégie d'atténuation par les producteurs
laitiers ne serait possible que si elle s'accompagnait d'une augmentation de la production laitière.
Les régimes faibles émissions de CH4 ne sont généralement pas bon marché et des incitations
financières sont donc nécessaires pour encourager les producteurs à adopter des mesures
d'atténuation. Les consommateurs ont une perception négative de l'utilisation d'antibiotiques
alimentaires et d'additifs chimiques dans l'alimentation des vaches laitières et, par conséquent,
des alternatives à ces substances (par exemple, des extraits de plantes) sont nécessaires.
L'objectif de cet article n'est pas de discuter toutes les stratégies d'atténuation alimentaires
disponibles à ce jour, mais plutôt de se concentrer sur le potentiel d'options spécifiques non
seulement sur les émissions de CH4 d’origine entérique, mais aussi sur leur impact possible sur
les émissions de CH4 provenant du fumier et d'autres GES (par exemple N2O)

Date de publication

2022-05-12

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