Réduction des concentrations sériques de prolactine et effets subtils sur les paramètres associés au sperme après l’introduction de faibles concentrations d’alcaloïdes de l’ergot dans l’alimentation de taureaux Angus d’un an pendant 9 semaines

Citation

Chohan, M.R., Munro, B.J., Cowan, V.E., Anzar, M., Blakley, B., McKinnon, J., Kastelic, J.P., Rivera-Acuña, F., Singh, J. (2021). Feeding yearling Angus bulls low-level ergot daily for 9 weeks decreased serum prolactin concentrations and had subtle effects on sperm end points. Theriogenology, [online] 161 187-199. http://dx.doi.org/10.1016/j.theriogenology.2020.11.025

Résumé en langage clair

Les normes de l’Agence canadienne d’inspection des aliments autorisent la présence de 2 à 3 mg/kg d’alcaloïdes de l’ergot dans les aliments pour animaux. Au cours la présente étude, nous avons introduit des alcaloïdes de l’ergot (3,4 mg/kg de matière sèche ingérée) dans l’alimentation de taureaux d’un an pendant une période de 9 semaines au printemps pour en déterminer les effets sur la qualité du sperme, les paramètres structuraux du sperme et les concentrations de prolactine. Les concentrations plasmatiques de prolactine ont diminué d’un facteur 4 chez les taureaux ayant consommé des alcaloïdes de l’ergot durant la période d’exposition. Étant donné que la présente étude a été conçue pour porter également sur la maturation reproductive, nous avons noté les améliorations attendues, liées à l’âge, en ce qui concerne le poids corporel, la circonférence du scrotum, le nombre de spermatozoïdes, la motilité progressive et la vitesse des spermatozoïdes, ainsi que les tendances à la baisse des anomalies touchant les spermatozoïdes. La circonférence du scrotum était plus petite de 2,7 % chez les taureaux d’un an exposés aux alcaloïdes de l’ergot (moyenne des mesures réalisées pendant l’exposition et après celle-ci). La plupart des paramètres associés aux spermatozoïdes n’étaient pas altérés par une exposition à cette concentration d’alcaloïdes de l’ergot dans l’alimentation. Toutefois, nous avons observé les changements suivants après l’exposition aux alcaloïdes de l’ergot : 1) légère diminution de la motilité progressive des spermatozoïdes entre l’exposition et la période suivant l’exposition comparativement à une hausse dans le groupe témoin; 2) légère diminution de la vitesse linéaire des spermatozoïdes entre l’exposition et la période suivant l’exposition dans le groupe exposé aux alcaloïdes de l’ergot comparativement à une augmentation dans le groupe témoin; 3) persistance des défauts de la pièce intermédiaire dans la première moitié de la période suivant l’exposition comparativement à une diminution progressive dans le groupe placebo; 4) augmentation du pourcentage de spermatozoïdes présentant des défauts de la pièce principale entre l’exposition et la période suivant l’exposition dans le groupe exposé aux alcaloïdes de l’ergot; 5) diminution relative de la proportion de spermatozoïdes présentant un potentiel de membrane mitochondriale moyen durant l’exposition et la période suivant l’exposition. L’augmentation progressive du poids corporel et de la circonférence du scrotum était similaire chez les taureaux d’un an exposés et non exposés aux alcaloïdes de l’ergot, et la température corporelle s’est maintenue pendant et après l’exposition. Dans l’ensemble, les présents résultats corroborent notre hypothèse selon laquelle l’exposition à de faibles concentrations d’alcaloïdes de l’ergot entraîne une diminution marquée de la concentration plasmatique de prolactine chez les taureaux d’un an. Les concentrations de prolactine semblaient s’être quelque peu rétablies au cours des deux mois suivant l’ingestion d’alcaloïdes de l’ergot. Notre deuxième hypothèse, liée aux effets des alcaloïdes de l’ergot sur la qualité et les caractéristiques du sperme, a été partiellement corroborée. Les effets observés sur le sperme étaient subtils, et il reste à déterminer s’ils auraient une incidence sur la fertilité des taureaux.

Résumé

© 2020 Elsevier Inc. Notre objectif était de déterminer si le fait d’exposer des taureaux d’un an à la limite la plus élevée d’alcaloïdes de l’ergot recommandée au Canada par le régime alimentaire (∼ 3 mg/kg de matière sèche ingérée [MSI]) aurait une incidence sur les caractéristiques du sperme et la concentration plasmatique de prolactine. Des taureaux Aberdeen Angus (âgés de 12 à 13 mois, n = 7/groupe), répartis en fonction de la concentration de spermatozoïdes et du poids corporel, ont reçu un placebo ou des alcaloïdes de l’ergot dans des capsules de gélatine (60 µg/kg de poids corporel par jour, 3,4 mg/kg de MSI) pendant 9 semaines. Des échantillons de sperme ont été prélevés par électroéjaculation une fois par semaine et ont été examinés par cytométrie de flux et à l’aide d’un analyseur de sperme assisté par ordinateur aux moments suivants : pendant les 5 semaines précédant l’exposition, pendant les 9 semaines d’exposition et pendant les 9 semaines suivant l’exposition. Des échantillons de plasma ont été analysés par dosage radio-immunologique une fois par semaine pour la détermination des concentrations de prolactine. Les concentrations plasmatiques de prolactine ont diminué de façon marquée (moyenne ± erreur type, 16,74 ± 3,70 pendant l’exposition et 33,42 ± 3,08 ng/mL après l’exposition; P < 0,01) par rapport au groupe témoin (67,54 ± 21,47 et 42,59 ± 15,06 ng/mL). Le traitement n’a pas eu d’effet (P ≥ 0,17) sur la prise pondérale, la concentration de spermatozoïdes, le nombre de spermatozoïdes/éjaculat, la motilité des spermatozoïdes ou le pourcentage de spermatozoïdes vivants. En moyenne pendant l’exposition et après celle-ci, la circonférence du scrotum était plus petite (P = 0,02) de 2,7 % dans le groupe exposé aux alcaloïdes de l’ergot. La motilité progressive est demeurée inchangée, passant de 59,92 ± 2,31 % durant l’exposition à 59,61 ± 2,59 % après l’exposition, comparativement à une augmentation marquée dans le groupe témoin (61,42 ± 1,60 % à 67,52 ± 1,47 %; P = 0,02). La vitesse linéaire des spermatozoïdes a diminué (−3,15 ± 1,53 µm/s) entre l’exposition et la période suivant l’exposition dans le groupe exposé aux alcaloïdes de l’ergot (P = 0,04) tandis qu’elle a augmenté (2,96 ± 2,17 µm/s) dans le groupe témoin. Les défauts de la pièce intermédiaire ont diminué entre la période d’exposition et la période suivant l’exposition dans le groupe témoin, mais sont demeurés inchangés dans le groupe exposé aux alcaloïdes de l’ergot (trt∗âge, P < 0,01). L’exposition aux alcaloïdes de l’ergot par le régime alimentaire a réduit la proportion de spermatozoïdes présentant un potentiel de membrane mitochondriale moyen (alcaloïdes de l’ergot : 22,65 ± 0,98 %, témoin : 24,35 ± 1,05 %, P = 0,04). En conclusion, l’administration d’alcaloïdes de l’ergot à la limite permise au Canada pendant 9 semaines a entraîné une diminution d’un facteur 4 de la concentration plasmatique de prolactine. Les paramètres associés aux spermatozoïdes n’ont pas été modifiés de manière statistiquement significative, bien qu’il y ait eu des effets subtils sur la motilité progressive, les défauts de la pièce intermédiaire et le potentiel de la membrane mitochondriale. Il faudra mener une analyse plus poussée pour évaluer la pertinence clinique des changements observés. Les résultats ont corroboré notre hypothèse selon laquelle l’exposition prolongée à de faibles concertations d’alcaloïdes de l’ergot a un effet défavorable sur la concentration plasmatique de prolactine. Cependant, les paramètres associés aux spermatozoïdes ont été partiellement altérés, ce qui appuie la réalisation de travaux similaires sur la toxicose de la fétuque.

Date de publication

2021-02-01

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