Populations de petite herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia) résistantes au linuron dans les champs de carottes au Québec : présence et répartition des biotypes présentant une résistance attribuable au site cible et non attribuable au site cible

Citation

Marie-Josée Simard,a Martin Laforest,a Brahim Soufiane,a Diane Lyse Benoit,a François J. Tardifb

Résumé en langage clair

L’herbe à poux est une mauvaise herbe fréquemment observée dans les champs de carottes. Les producteurs de carottes contrôlent cette mauvaise herbe avec un herbicide en particulier, le linuron. De l’herbe à poux résistante à cet herbicide avaient déjà été identifiée à un endroit au Québec. Un recensement a donc été entrepris en 2012 et 2013 afin de déterminer si d’autres populations résistantes étaient présentes au Québec et quel était le mécanisme de résistance. Des plants d’herbe à poux ont été récoltés dans des champs et les graines issues de ces plants ont été semées en serre. Les plantules cultivées ont été arrosées avec une dose de linuron. Des tests génétiques ont aussi été effectués sur ces plants. L’herbe à poux était la mauvaise herbe la plus soupçonnée d’être résistante à un herbicide dans les champs de carottes (95% des cas rapportés) et 94% de ces soupçons se sont avérés fondés (présence de résistance). Une nouvelle mutation dans le gène ciblée par l’herbicide était responsable de la résistance pour 37.5% des populations. Les autres populations n’avaient pas de mutations reliées à la résistance dans ce gène. À l’exception de deux populations, toutes les populations avec la nouvelle mutation dans le gène cible étaient localisées dans la zone de production en terre organique alors que les autres étaient localisées dans la zone de production en terre minérale. À notre connaissance, cette étude est la première à démontrer qu’une mutation particulière (notamment Val219Ile dans le gène psbA) est responsable de la résistance au linuron chez l’herbe à poux et qu’un autre mécanisme de résistance au linuron est présent dans certaines populations.

Résumé

La petite herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia L.) est fréquemment observée dans les champs de carottes au Québec. Pour lutter contre cette mauvaise herbe à feuilles larges, les producteurs de carottes comptent essentiellement sur le linuron, un inhibiteur du photosystème II. Un biotype résistant au linuron a été détecté, mais sa fréquence était inconnue et la base génétique de la résistance n’avait pas été établie. Par conséquent, une enquête a été menée et, en 2012 et en 2013, des plantes soupçonnées d’être résistantes ont été recueillies. La progéniture de ces plantes a été pulvérisée au linuron selon une dose diagnostique à l’égard de la résistance et soumise à un test de détection de mutations de cible au niveau du gène psbA. La petite herbe à poux était l’espèce la plus signalée (95 % des occurrences), et 94 % des populations ont obtenu un diagnostic de résistance. Une nouvelle mutation de cible a été découverte chez 37,5 % des populations résistantes ayant fait l’objet du test. Aucune mutation dans le gène psbA, connu pour conférer une résistance au linuron, n’a été observée chez les autres populations résistantes. À l’exception de deux populations, les plantes dont la résistance se situait au niveau du site cible étaient situées dans la zone de production de terre noire, tandis que des plantes dont la résistance n’était pas associée au site cible ont été trouvées dans des champs à sol sableux situés dans une zone différente. À notre connaissance, il s’agit du premier signalement d’une mutation Val219Ile au niveau du gène psbA chez la petite herbe à poux et d’un cas de résistance évoluée au linuron n’étant pas attribuable au site cible.