Peut-on augmenter la biomasse racinaire des cultures fourragères par le mélange d’espèces pérennes ou l’ajout d’une plante-abri?

Citation

Perreault Gagnon, M., Thivierge, M.-N., Halde, C., Thériault, M., Tremblay, G.F., Bélanger, G. et Claessens, A. Peut-on augmenter la biomasse racinaire des cultures fourragères par le mélange d’espèces pérennes ou l’ajout d’une plante-abri? 35e congrès annuel de l’Association québécoise de spécialistes en sciences du sol (AQSSS), Terre à terre en virtuel, 15–17 juin 2021 (affiche).

Résumé

Le système racinaire des cultures fourragères pérennes contribue à séquestrer une quantité importante de carbone dans les sols en plus d’en améliorer la structure. L’augmentation de la diversité végétale des prairies, par le mélange de plusieurs espèces pérennes ou par l’ajout d’une plante-abri lors de l’établissement, pourrait possiblement augmenter la biomasse racinaire. Dans cette expérience réalisée à Saint-Augustin-de-Desmaures sur un loam, nous avons comparé i) la biomasse racinaire d’un mélange luzerne-fléole des prés semé avec une plante-abri à la fin de l’année d’établissement sur deux sites, et ii) la biomasse racinaire de cinq mélanges luzerne-graminées à la fin de l’année d’établissement et de la deuxième année de production sur un site. À l’automne, six carottes de sol de 7,5 cm de diamètre ont été prélevées dans chaque parcelle, dans les couches de sol de 0–15, 15–30 et 30–45 cm de profondeur. Les racines ont été lavées à l’aide d’un système à élutriation hydropneumatique et séchées à 55 °C. Le mélange luzerne-fléole des prés était semé soit sans plante-abri, avec de l’orge ou avec du trèfle d’Alexandrie. Notre hypothèse était que l’ajout d’une plante-abri augmente la biomasse racinaire. Nos résultats montrent plutôt qu’il n’y a eu aucun effet d’une plante-abri sur la biomasse racinaire de la prairie à l’année d’établissement, et ce, aux deux sites. Les traitements des mélanges luzerne-graminées étaient : M0, luzerne en semis pur (témoin); M1, luzerne + fléole des prés; M2, luzerne
+ fléole des prés + fétuque élevée; M3, luzerne + fléole des prés + fétuque des prés; et M4, luzerne + fléole des prés + fétuque élevée + fétuque des prés. Notre hypothèse stipulait que les mélanges luzerne + graminées produisent davantage de biomasse racinaire que le témoin M0. De plus, étant donné que la fétuque élevée a un enracinement profond, nous pensions retrouver une biomasse racinaire plus importante en profondeur dans les traitements comprenant cette espèce. Dans le profil de sol complet, autant à l’année d’établissement qu’en deuxième année de production, le traitement M2 (5,3 Mg MS ha-1, moyenne des deux années) a produit une biomasse racinaire supérieure aux traitements M0 et M1 (2,9 Mg MS ha-1 en moyenne), alors que les traitements M3 et M4 avaient des valeurs intermédiaires (4,1 Mg MS ha-1 en moyenne). Ce même effet des mélanges a été observé dans la couche de sol de surface (0–15 cm), mais pas en profondeur (15–45 cm). Les biomasses racinaires de tous les mélanges fourragers ont presque doublé entre l’année d’établissement et la deuxième année de production, passant de 2,8 à 4,9 Mg MS ha-1 en moyenne. Cet effet a été significatif dans chacune des couches de sol. Ces résultats montrent que, dans l’optique d’augmenter la biomasse racinaire des prairies, le mélange M2 alliant luzerne, fléole des prés et fétuque élevée est à prioriser. Les travaux se poursuivent afin de vérifier si une augmentation de la biomasse racinaire dans les couches plus profondes du sol sera observée au cours des 3e et 4e années de production.