Pertes de néonicotinoïdes et d’herbicides associés par ruissellement et par drainage souterrain à la lisière d’un champ
Citation
Chrétien, F., Giroux, I., Thériault, G., Gagnon, P., Corriveau, J. (2017). Surface runoff and subsurface tile drain losses of neonicotinoids and companion herbicides at edge-of-field. Environmental Pollution, [online] 224 255-264. http://dx.doi.org/10.1016/j.envpol.2017.02.002
Résumé en langage clair
Les néonicotinoïdes sont une classe d’insecticides auxquels on s’intéresse de plus en plus d’attention depuis quelques années en raison de leurs effets potentiels sur des organismes non ciblés, tels que les pollinisateurs, les insectes prédateurs, les vers de terre et les espèces aquatiques. Durant les dix dernières années, le recours à ces insecticides a énormément augmenté du fait de leur utilisation en enrobage de semences. Au Québec (Canada), on estime que près de la totalité des semences de maïs et de la moitié des semences de soja plantées sont enrobées de néonicotinoïdes, ce qui correspond à environ 500 000 ha. Les taux élevés d’utilisation des néonicotinoïdes et leurs propriétés chimiques expliquent leur détection fréquente dans les milieux aquatiques. Les insecticides peuvent contaminer des écosystèmes aquatiques par diverses voies, mais il existe très peu de données de surveillance des mécanismes de transport des néonicotinoïdes. Cette étude visait à documenter les pertes par ruissellement et par drainage souterrain de deux néonicotinoïdes couramment utilisés et d’herbicides avec lesquels ils sont utilisés. L’étude a montré que le ruissellement et le drainage souterrain étaient d’importants mécanismes de transport, représentant respectivement 53 et 47 % des pertes de néonicotinoïdes. Une fréquence de détection de près de 100 % a été observée dans les échantillons d’eau sur une période de deux ans. Même si les néonicotinoïdes étudiés ont été appliqués à des doses relativement faibles et qu’ils présentaient de faibles valeurs d’exportation, leurs toxicités relatives étaient de un à deux ordres de grandeur supérieures à celles des herbicides appliqués aux cultures. Étant donné ces observations, il est recommandé de ne pas systématiquement utiliser les néonicotinoïdes lorsqu’aucune infestation d’insectes ravageurs n'a été observée. De plus, leur application à des fins agricoles devrait être justifiée par un agronome.
Résumé
© 2017. L’application des insecticides néonicotinoïdes comme enrobage des semences a fait énormément augmenter leur utilisation depuis une décennie. Ils sont maintenant fréquemment détectés dans les écosystèmes aquatiques à des concentrations susceptibles de nuire aux invertébrés aquatiques (individus et populations). Cette étude visait à comparer les pertes par ruissellement et par drainage souterrain de deux néonicotinoïdes couramment utilisés (thiaméthoxame et clothianidine) et des herbicides associés (atrazine, glyphosate, Smétolachlore et mésotrione) à la lisière d’un champ de 22,5 ha cultivé en rotation maïs soja. Nous avons échantillonné 14 épisodes de ruissellement et d’écoulement dans les drains souterrains sur deux ans. Nous avons calculé les pertes (exprimées en masse) par épisode et par année à partir des concentrations pondérées en fonction du débit et des volumes totaux de ruissellement et d’écoulement dans les drains souterrains. Nous avons observé des fréquences de détection de thiaméthoxame et de clothianidine proches de 100 % dans les échantillons d’eaux de ruissellement et de drainage souterrain à la lisière du champ, même si seul le thiaméthoxame avait été appliqué au cours de la première année de l’étude. En 2014, les concentrations médianes de thiaméthoxame dans les échantillons de ruissellement et de drainage souterrain étaient respectivement de 0,46 et 0,16 μg/L, et les concentrations maximales respectives pendant la première tempête suivant l’ensemencement étaient de 2,20 et 0,44 μg/L. Les concentrations médianes de clothianidine dans les échantillons d’eaux de ruissellement et de drainage souterrain étaient respectivement de 0,02 et 0,01 μg/L, et les concentrations maximales respectives étaient de 0,07 et 0,05 μg/L. Le ruissellement et le drainage souterrain étaient d’importants mécanismes de transport, représentant respectivement 53 et 47 % des pertes mesurées. Même si le thiaméthoxame a été appliqué à une dose relativement faible et que son taux d’exportation de masse était faible (0,3 %), sa toxicité relative était de un à deux ordres de grandeur plus élevée que celle des autres produits chimiques appliqués en 2014 et 2015. Les concentrations des herbicides associés, sauf celle du glyphosate dans le drainage souterrain, ont dépassé les valeurs maximales recommandées pour la qualité des eaux au cours d’une campagne d'échantillonnage après l’application, mais sont rapidement revenus sous ces limites.