Mortalité cachée chez l’hôte due à l’introduction d’un parasitoïde : évaluation classique et moléculaire du risque non ciblé

Citation

Hepler, J.R., Athey, K., Enicks, D., Abram, P.K., Gariepy, T.D., Talamas, E.J., Beers, E. (2020). Hidden host mortality from an introduced parasitoid: Conventional and molecular evaluation of non-target risk. Insects, [online] 11(11), 1-23. http://dx.doi.org/10.3390/insects11110822

Résumé en langage clair

La lutte biologique classique, c’est-à-dire la libération d’un ennemi naturel dans l’aire d'indigénat du ravageur, est depuis longtemps reconnue comme une approche viable de la lutte contre les ravageurs envahissants. Parce qu’elle comprend maintenant des essais rigoureux sur l'innocuité avant sa mise en œuvre, la lutte biologique classique est considérée comme spécifique pour un ravageur donné et ne comporte pas les risques environnementaux souvent associés aux pesticides chimiques à large spectre. Cependant, les ennemis naturels exotiques introduits accidentellement n’ont pas fait l’objet d’un examen préalable visant à assurer leur innocuité et peuvent donc présenter des risques pour l'environnement, particulièrement pour les espèces indigènes qui ne sont pas ciblées par les programmes de lutte biologique. Certains effets d’un ennemi naturel exotique, comme la consommation ou la reproduction, peuvent être mesurés plus facilement que d’autres. Nos recherches montrent que certains de ces « effets cachés » peuvent être très importants et mériter notre attention. Nous utilisons des outils moléculaires et la modélisation pour aider à comprendre les effets cachés tant pour les espèces ciblées que pour les espèces non ciblées. Notre système modèle était un ravageur envahissant des fruits et des légumes originaire d’Asie, la punaise marbrée, Halyomorpha halys, et un parasitoïde exotique, Trissolcus japonicus. T. japonicus s’est établi en Amérique du Nord et pourrait aider à limiter les infestations de ce ravageur. Malheureusement, il tue aussi les punaises marbrées non ciblées avec un succès de reproduction plus ou moins variable, ce qui peut avoir des effets écologiques directs et indirects sur H. halys et les espèces de punaises marbrées non ciblées.

Résumé

© 2020 par les auteurs. Titulaire de la licence : MDPI, Bâle, Suisse. Les interactions trophiques cachées sont importantes pour comprendre l’écologie des réseaux alimentaires et évaluer les risques et les avantages écologiques associés à l’introduction d’ennemis naturels exotiques dans les programmes de lutte biologique classique. Bien que le risque non ciblé soit généralement évalué en fonction de preuves d’un parasitisme réussi, la mortalité de l’hôte causée par des parasitoïdes ne se traduisant pas par des signes visibles de parasitisme (c.-à-d. des effets non liés à la reproduction) est souvent négligée. L’établissement adventice de Trissolcus japonicus, un parasitoïde exotique de la punaise marbrée introduite Halyomorpha halys, nous a permis d’étudier sur le terrain l’effet global de ce parasitoïde sur les hôtes ciblés et non ciblés. Nous avons mis au point une nouvelle méthodologie pour mesurer les effets non liés à la reproduction dans ce système, qui comprend une épreuve PCR de diagnostic propre à l’espèce pour T. japonicus. Nous avons appliqué cette méthodologie aux œufs de quatre espèces de pentatomes dispersés sur le terrain, en combinaison avec des techniques d’élevage classiques. Les effets non liés à la reproduction étaient responsables de la mortalité d’un autre 5,6 % des œufs de H. halys causée par T. japonicus, et ces effets étaient encore plus importants chez certaines des espèces non ciblées (de 5,4 à 43,2 %). La mortalité cachée observée chez les espèces indigènes non ciblées en raison de l'introduction d’un parasitoïde pourrait modifier les prédictions concernant les interactions écologiques directes et indirectes et l’efficacité de la lutte biologique contre le ravageur visé.