L’indice de transformation du grain d’orge et la concentration des fibres alimentaires non digérées dans les détergents neutres ont influé sur le comportement de mastication, le pH ruminal et la digestibilité des éléments nutritifs dans l'ensemble du tub

Citation

Ran, T., Saleem, A.M., Beauchemin, K.A., Penner, G.B., Yang, W. (2021). Processing index of barley grain and dietary undigested neutral detergent fiber concentration affected chewing behavior, ruminal pH, and total tract nutrient digestibility of heifers fed a high-grain diet. Journal of Animal Science, [online] 99(1), http://dx.doi.org/10.1093/jas/skab011

Résumé en langage clair

Pour améliorer l'indice de consommation alimentaire des bovins des parcs d’engraissement, on leur donne souvent une ration contenant une forte proportion de grains et un minimum de fourrage. Cependant, une ration qui ne contient pas suffisamment de fibres peut prédisposer les bovins à l’acidose ruminale, à l’acidose de l’intestin postérieur ainsi qu'à des abcès au foie. Il pourrait donc y avoir un besoin minimal en fibres. Il est probable que de nombreux facteurs influent sur les besoins minimaux en fibres, notamment la fermentescibilité des aliments, le taux d’inclusion du fourrage, la taille des particules de fourrage, la source et la transformation de l’amidon, et bien d’autres. Ainsi, une caractérisation adéquate des paramètres alimentaires pourrait aider à définir les besoins en fibres. Un paramètre, à savoir les fibres non digérées dans les détergents neutres (uNDF), a récemment été intégré à certains modèles de nutrition pour prédire le pH ruminal. Nous émettons l’hypothèse selon laquelle les uNDF ont une relation directe sur la motilité ruminale, l’activité de mastication et, par conséquent, la fonction ruminale. De plus, les uNDF alimentaires et les glucides fermentescibles dans le rumen seraient les principaux facteurs qui influent sur la quantité minimale de fibres requise pour l’engraissement des bovins de finition. L'objectif global de cette étude était de déterminer si l’indice de transformation (IT, poids après transformation/poids avant transformation × 100) des grains d’orge (c.-à-d. la fermentescibilité dans le rumen) et la concentration alimentaire de uNDF influent sur les besoins en fibres des bovins de boucherie en finition. Plus précisément, elle visait à déterminer l’effet de la transformation de l’orge et de la teneur en uNDF de la ration sur la prise alimentaire, l’activité de mastication, le pH ruminal et les paramètres de fermentation, la digestibilité dans l'ensemble du tube digestif, la fonction barrière de l'ensemble du tube digestif et les métabolites sanguins. Six génisses de boucherie munies d’une canule ruminale ont été utilisées selon un plan en carré latin 6 × 6 avec l'arrangement factoriel suivant : 3 IT (65, 75 et 85 %, particules fines, moyennes, grossières, respectivement) × 2 concentrations de uNDF (faible et élevée; 4,6 vs 5,6 % de MS). Les génisses ont reçu à volonté une ration totale mélangée composée de 10 % d’ensilage d’orge (faible concentration d'uNDF) ou de 5 % d’ensilage et 5 % de paille (concentration élevée d'uNDF), 87 % d'orge-grain aplatie à sec et 3 % de suppléments minéraux et vitaminiques. De nombreuses interactions ont été constatées entre l’IT de l’orge et la concentration des uNDF aliementaires (consommation alimentaire, rumination et digestibilité des éléments nutritifs dans l'ensemble du tube digestif), ce qui donne à penser que les effets de ces variables sont interdépendants chez les génisses de boucherie recevant une ration à forte teneur en céréales. Dans l’ensemble, l’intensification de la transformation de l’orge a eu tendance à diminuer l’activité de rumination des bovins recevant une ration à faible teneur en uNDF et à augmenter la digestibilité de la matière organique, de l’amidon et des protéines dans l'ensemble du tube digstif, sans influer sur le pH du rumen ni les paramètres de fermentation. Nous concluons qu’un IT de 75 % est optimal en termes de digestibilité des aliments, car la diminution supplémentaire de l’IT à 65 % n’a pas entraîné d’amélioration supplémentaire de la digestibilité. L’augmentation de la concentration en uNDF alimentaires a augmenté la consommation de fibres, quel que soit l’IT du grain d’orge, et a stimulé la rumination lorsque l’orge était traitée avec un IT de 65 %.

Résumé

L’objectif de cette étude était d’examiner les effets de l’indice de transformation (IT) des grains d’orge et de la concentration des fibres alimentaires non digérées dans les détergents neutres (uNDF) sur la consommation de matière sèche (MS), l’activité de mastication, le pH ruminal et les caractéristiques de fermentation, la digestibilité dans l'ensemble du tube digestif, la fonction barrière du tractus gastro-intestinal et les métabolites sanguins chez des génisses de boucherie en finition. L’IT a été mesuré comme la densité après la transformation exprimée en pourcentage de la densité avant la transformation; un IT plus faible équivaut à une transformation plus extensive. Six génisses munies d’une canule ruminale (poids corporel moyen, 715 ± 29 kg) ont été utilisées selon un plan en carré latin 6 × 6 avec l'arrangement factoriel suivant : 3 IT (65, 75 et 85 %) × 2 concentrations de uNDF (faible et élevée; 4,6 vs 5,6 % de MS). Les génisses ont reçu à volonté une ration totale mélangée composée de 10 % d’ensilage d’orge (faible concentration d'uNDF) ou de 5 % d’ensilage et 5 % de paille (concentration élevée d'uNDF), 87 % d'orge-grain aplatie à sec et 3 % de suppléments minéraux et vitaminiques. Nous avons observé des interactions (p < 0,01) entre les IT × uNDF pour ce qui est de la consommation de matière sèche, du temps de rumination et de la durée totale de mastication ainsi que de la digestibilité de la matière sèche dans l'ensemble du tube digestif. La consommation de matière sèche, de matière organique (MO), d’amidon et de protéines brutes (PB) ne différait pas (p > 0,14) entre les rations teneur faible ou élevée en uNDF, mais la consommation de fibres au détergent neutre et de fibres au détergent acide était plus élevée (p = 0,01) avec les rations à haute teneur en uNDF, quel que soit l’IT de l’orge. Les génisses qui ont reçu une ration à forte teneur en uNDF ont passé plus de temps à manger (p = 0,05) (min/j ou min/kg MS) et ont eu tendance (p = 0,10) à avoir des temps de mastication plus longs (min/kg de MS) que celles qui ont reçu une ration à faible teneur en uNDF. De plus, avec les rations à forte teneur en uNDF, les génisses ont trié (p = 0,01) leurs aliments aux dépens des particules longues (> 19 mm), ce qui n'était pas le cas avec les rations à faible teneur en uNDF. La modification de l’IT des grains d’orge n’a eu aucun effet (p > 0,12) sur la concentration des acides gras volatils (AGV) totaux, le pourcentage molaire des AGV individuels ou la durée du pH ruminal < 5,8 et < 5,6. La concentration des AGV totaux était inférieure (p = 0,01), le pourcentage d’acétate, plus élevé (p = 0,01), et la durée du pH ruminal < 5,8 et < 5,6 était moindre (p = 0,05) pour les rations à forte teneur en uNDF que pour celles à faible teneur en uNDF. La digestibilité de la MS, de la MO et des PB était plus élevée (p = 0,02) avec les rations à faible teneur en uNDF que pour celles à forte teneur en uNDF, avec un IT de 65 % et 75 %, sans qu'il n'y ait de différence entre les rations à faible teneur en uNDF et celles à forte teneur en uNDF avec l'IT de 85 %. Les métabolites sanguins et la fonction barrière du tractus gastro-intestinal n’ont pas varié (p ≥ 0,10) avec les traitements. Ces résultats laissent supposer que l’augmentation de la concentration de uNDF dans la ration est une stratégie efficace pour améliorer le pH ruminal chez les bovins en phase de finition, quelle que soit l'étendue de la transformation du grain. Par contre, la manipulation de l’étendue de la transformation de l’orge n'a pas réduit pas le risque d’acidose ruminale.

Date de publication

2021-01-01