Les tendances en matière de répartition à l’échelle mondiale témoignent du changement de niche du Digitonthophagus gazella, une espèce de bousier africaine introduite

Citation

Noriega, J.A., Floate, K.D., Génier, F., Reid, C.A.M., Kohlmann, B., Horgan, F.G., Davis, A.L.V., Forgie, S.A., Aguilar, C., Ibarra, M.G., Vaz-de-Mello, F., Ziani, S., Lobo, J.M. (2020). Global distribution patterns provide evidence of niche shift by the introduced African dung beetle Digitonthophagus gazella. Entomologia Experimentalis et Applicata, [online] 168(10), 766-782. http://dx.doi.org/10.1111/eea.12961

Résumé en langage clair

L’établissement d’exploitations bovines dans le monde entier a donné lieu à la libération de bousiers pour accélérer la dégradation des excréments dans les pâturages et réduire les populations de mouches qui se reproduisent dans les excréments, nuisibles pour les animaux d’élevage. Le bousier Digitonthophagus gazella est indigène du sud est de l’Afrique, mais a depuis été relâché en Amérique, en Australie et en Nouvelle Zélande. Des mentions de répartition de l’espèce ont été utilisées pour mettre au point des modèles climatiques d’établissement futur potentiel de l’espèce. Des études récentes ont cependant permis de déterminer que le D. gazella serait plutôt un complexe de sept espèces. En tenant compte de ce changement et de l’identification claire des mentions d’individus appartenant à la véritable espèce D. gazella, nous avons mis au point des modèles environnementaux pour déterminer les facteurs qui ont contribué à l’établissement de cette espèce dans certaines régions et certains habitats. Nous avons comparé les conditions environnementales associées au D. gazella dans son aire de répartition naturelle avec celles des régions où l’espèce s’est établie ou ne s’est pas établie. Nos résultats indiquent que le D. gazella est toujours absent dans certaines régions d’Amérique centrale et du Sud et dans certaines régions d’Afrique où il pourrait potentiellement s’établir. Nous supposons que sa répartition en Afrique est limitée par l’exclusion compétitive. L’introduction du D. gazella en Amérique est relativement récente, de sorte que toute l’étendue potentielle de la répartition de l’espèce n’est probablement pas encore atteinte. En Australie et en Amérique du Nord, le D. gazella est présent dans des régions où les prévisions, basées sur les conditions environnementales naturelles propices à l’espèce, ne prévoyaient pas sa présence. Cette irrégularité peut refléter un manque d’exclusion compétitive, de plasticité phénotypique et/ou d’adaptation génétique. Nos analyses suggèrent que l’espèce a la capacité de s’adapter à un large éventail de conditions environnementales pouvant être extrêmement différentes de celles de sa région d’origine. L’espèce représente une étude de cas utile pour démontrer qu’une espèce introduite peut étendre sa niche écologique au delà de ce qui est attendu sur la base des limites environnementales apparentes dans son aire de répartition naturelle. La compréhension des facteurs qui favorisent ou limitent l’établissement des bousiers contribue au succès des programmes de redistribution des bousiers.

Résumé

© The Netherlands Entomological Society, 2020. L’établissement d’exploitations bovines dans le monde entier a donné lieu à la libération de bousiers comme agents de lutte biologique pour réduire l’encrassement des pâturages et lutter contre les mouches qui se reproduisent dans les excréments. L’un de ces bousiers, le Digitonthophagus gazella (Fabricius) (Coleoptera: Scarabaeidae), une espèce indigène du sud est de l’Afrique, a été introduit en Amérique, en Australie et en Nouvelle Zélande. Des mentions de répartition de l’espèce ont été utilisées pour mettre au point des modèles climatiques d’établissement futur potentiel de l’espèce. Des études récentes ont cependant permis de déterminer que le D. gazella serait plutôt un complexe de sept espèces. En tenant compte de ce changement et de l’identification claire des mentions d’individus appartenant à la véritable espèce D. gazella, nous avons mis au point des modèles environnementaux pour déterminer les facteurs qui ont contribué à l’établissement de cette espèce dans certaines régions et certains habitats. Nous avons comparé les conditions environnementales associées au D. gazella dans son aire de répartition naturelle avec celles des régions où l’espèce s’est établie ou ne s’est pas établie. Nos résultats indiquent que le D. gazella est toujours absent dans certaines régions d’Amérique centrale et du Sud et dans certaines régions d’Afrique où il pourrait potentiellement s’établir. Nous supposons que sa répartition en Afrique est limitée par l’exclusion compétitive. L’introduction du D. gazella en Amérique est relativement récente, de sorte que toute l’étendue potentielle de la répartition de l’espèce n’est probablement pas encore atteinte. En Australie et en Amérique du Nord, le D. gazella est présent dans des régions où les prévisions, basées sur les conditions environnementales naturelles propices à l’espèce, ne prévoyaient pas sa présence. Cette irrégularité peut refléter un manque d’exclusion compétitive, de plasticité phénotypique et/ou d’adaptation génétique. Nos analyses suggèrent que l’espèce a la capacité de s’adapter à un large éventail de conditions environnementales pouvant être extrêmement différentes de celles de sa région d’origine. L’espèce représente une étude de cas utile pour démontrer qu’une espèce introduite peut étendre sa niche écologique au delà de ce qui est attendu sur la base des limites environnementales apparentes dans son aire de répartition naturelle.

Date de publication

2020-10-01

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