Les espèces et les caractères des racines ont un impact sur la macroagrégation en sol rhizosphérique dans le cadre d’un essai de plantation en conditions méditerranéennes
Citation
Poirier, V., Roumet, C., Angers, D.A., Munson, A.D. (2018). Species and root traits impact macroaggregation in the rhizospheric soil of a Mediterranean common garden experiment. Plant and Soil, [online] 424(1-2), 289-302. http://dx.doi.org/10.1007/s11104-017-3407-6
Résumé en langage clair
Les sols sont composés d’un mélange complexe de matières solides, d’eau et d’air. On appelle la façon dont ces éléments sont disposés la structure du sol. La structure du sol est formée d’agrégats qui sont des agglomérats de particules de sol. Dans un sol de qualité, ces agrégats sont relativement gros (quelques millimètres) et stables, c’est à dire qu’ils résistent aux contraintes extérieures comme les gouttes d’eau. Nous savons que les racines des plantes jouent un rôle crucial dans la stabilisation des agrégats du sol. Le but de cette étude était d’analyser un certain nombre de plantes afin de déterminer si certaines d’entre elles étaient meilleures que d’autres pour stabiliser les sols, et quels caractères végétaux interviennent dans la détermination de ces effets. Nos résultats montrent que les plantes dont l’investissement dans la biomasse racinaire est plus élevé et dont la litière est de grande qualité (c. à d. racines plus longues, teneur élevée en composés hydrosolubles et faible concentration de lignine) seraient plus favorables au développement de macroagrégats stables à l’eau que celles dont l’investissement dans la biomasse racinaire est plus faible et dont les caractères liés à la qualité de la litière laissent à désirer (c. à d. que les caractères des racines sont modérés). Cela entraîne d’importantes considérations pratiques pour la sélection de plantes aux caractéristiques optimales en vue d’augmenter la masse de gros macroagrégats stables à l’eau, d’améliorer la macroporosité du sol et l’infiltration de l’eau, et de réduire le risque d’encroûtement, de compactage et d’érosion de la surface.
Résumé
© Springer International Publishing AG, 2017. Historique et objectifs : Nous avons évalué l’effet qu’ont les espèces végétales et les formes de vie sur la distribution des agrégats du sol, selon la taille des agrégats, la masse totale des macroagrégats et le diamètre moyen pondéré (DMP) des agrégats, et examiné comment les caractères spécifiques des racines étaient liés à ces variables d’agrégation. Méthodes : Nous avons analysé le sol fixé aux racines (c’est à dire le sol rhizosphérique) de 13 espèces méditerranéennes cultivées en monoculture dans le cadre d’un essai de plantation en conditions semblables pendant quatre ans, et nous l’avons comparé à un sol nu. La distribution de la masse des agrégats selon six classes de taille et le DMP des agrégats ont été calculés, à la fois en fonction du sol rhizosphérique et de la biomasse racinaire. Résultats : Comparativement à un sol nu, la masse des macroagrégats a augmenté en moyenne de 13 % en présence des plantes, avec un effet marqué des espèces et des formes de vie (P < 0,0001 dans les deux cas); pour certaines espèces, comme le Sanguisorba minor, l’augmentation atteint environ jusqu’à 40 %. Bien que le sol sous les graminoïdes ait une masse de macroagrégats plus importante, le DMP de ces derniers était plus faible que sous les dicotylédones non ligneuses. La masse des macroagrégats de grande taille (2 000 1 000 μm) et de taille intermédiaire (1 000 500 μm) a augmenté avec la masse et la densité de longueur des racines et diminué avec la concentration de lignine des racines, tandis que la masse des macroagrégats de très grande taille (6 000 2 000 μm) et le DMP de ces derniers ont augmenté avec la concentration de composés solubles des racines. Conclusions : Les espèces et les formes de vie ont influé de manière différente sur la distribution des macroagrégats en fonction de leur taille et du diamètre moyen pondéré (DMP) des agrégats. Les racines facilement décomposables présentant des caractères liés à l’acquisition de ressources (c. à d. des racines fines longues, une concentration élevée de composés solubles dans l’eau) sont plus favorables au développement de macroagrégats stables à l’eau que celles présentant des caractères liés à la conservation de ressources (concentration élevée de lignine, racines de forte épaisseur).