Incidence des apports d’azote sur les populations de nématodes dans les cultures de bleuet en corymbe

Citation

Forge, T., Ehret, D., Messiga, A., Dorais, M. (2021). Influences of nitrogen inputs on nematode populations under highbush blueberry. Journal of Nematology, [online] 52 1-14. http://dx.doi.org/10.21307/jofnem-2020-056

Résumé en langage clair

La fertilisation azotée est une pratique courante dans la production classique de bleuets. La recherche a montré que la fertilisation azotée peut avoir des effets non ciblés sur les ravageurs et les maladies de certaines cultures. On sait toutefois peu de choses sur les effets de la fertilisation azotée sur les nématodes phytoparasites, des vers ronds microscopiques du sol qui s’attaquent aux racines de nombreuses plantes cultivées. Dans la présente étude, nous avons examiné les effets à long terme des taux de fertilisation azotée sur les populations de trois espèces différentes de nématodes parasitant le bleuet, ainsi que la diversité des nématodes non parasitaires ou bénéfiques qui sont des indicateurs de la santé des sols. Quatre traitements de fertilisation azotée ont été appliqués chaque année, pendant une période de dix ans, à une plantation de bleuets de la variété ‘Duke’ dans un site de la vallée du Fraser. Les traitements correspondaient à 0, 100, 150 et 200 % des doses annuelles recommandées pour la production classique de bleuets dans la région, doses qui varient selon l’âge des plantations. Les populations de nématodes ont été quantifiées chaque année de l’étude. L’abondance de deux des espèces phytoparasites, Rotylenchus robustus et Pratylenchus crenatus, augmentait avec une fertilisation modeste (100 % à 150 % du taux recommandé), mais il n’y avait pas d’augmentation supplémentaire de leur abondance au taux de fertilisation le plus élevé. Ces résultats donnent à penser qu’à long terme, l'augmentation du nombre de nématodes phytoparasites pourrait annuler certains des avantages de la fertilisation azotée sur le rendement. Plusieurs mesures de la diversité des nématodes non parasitaires diminuaient avec le taux de fertilisation, ce qui indique des changements plus importants dans le réseau trophique du sol qui pourraient avoir eu des effets indirects de rétroaction sur la dynamique des populations de nématodes phytoparasites.

Résumé

La fertilisation azotée (N) et l’irrigation sont essentielles pour la production de fruits de verger et de raisin dans les régions semi-arides de l’ouest de l’Amérique du Nord. Les producteurs envisagent de plus en plus des pratiques de fertilisation et d’irrigation plus prudentes afin d’optimiser la qualité des fruits tout en réduisant au minimum les impacts environnementaux. Les répercussions de tels changements dans les pratiques de production sur les populations de ravageurs ne sont pas bien connues et méritent d’être étudiées. L’objectif de cette recherche était de déterminer les effets de la fréquence d’irrigation au goutte-à-goutte (tous les jours ou environ tous les trois jours) et de la dose d’engrais azoté (0 à 64 kg N/ha/année) sur la densité des populations de nématodes annulaires (Mesocriconema xenoplax) dans un vignoble. L’expérience s’est déroulée selon un plan en parcelles divisées, en blocs aléatoires complets, la fréquence d’irrigation étant appliquée à l'échelle des grandes parcelles et l'apport d’azote, à l'échelle des petites parcelles. Nous avons évalué les populations de nématodes dans les sols de la zone racinaire au printemps, à l’été et à l’automne de 2010 et de 2011. Nous avons observé une interaction significative entre la fréquence d’irrigation et l’apport de N, la densité des populations de M. xenoplax augmentant avec l’apport de N dans le cas d’une irrigation quotidienne, mais non dans le cas d’une irrigation à faible fréquence. Les données laissent supposer que la réduction de l’apport d’engrais azoté et de la fréquence de l’irrigation, qui a des effets minimes sur la qualité des fruits et le rendement, peut également freiner l'augmentation des populations de M. xenoplax.