Examen critique des mécanismes cellulaires qui sous-tendent la plasticité du tissu mammaire pendant la lactation chez les ruminants

Citation

Boutinaud, M., Herve, L., Quesnel, H., Lollivier, V., Finot, L., Dessauge, F., Chanat, E., Lacasse, P., Charton, C., Guinard-Flament, J. (2019). Review: The cellular mechanisms underlying mammary tissue plasticity during lactation in ruminants. Animal, [online] 13(S1), S52-S64. http://dx.doi.org/10.1017/S1751731119000624

Résumé en langage clair

Chez les ruminants laitiers, la lactation est mise à l’épreuve par des perturbations qui peuvent soit être provoquées intentionnellement, comme la modification des pratiques de gestion, soit se produire involontairement, lorsque surviennent des conditions environnementales défavorables. Ces perturbations peuvent avoir des effets immédiats sur la production de lait et être suivies ou non d’effets résiduels. Une série d’études ont examiné les mécanismes cellulaires qui interviennent dans le processus d’adaptation du tissu mammaire à ces perturbations. Une meilleure compréhension de ces mécanismes pourrait aider à prédire les effets irréversibles sur le tissu mammaire.

Résumé

© The Animal Consortium, 2019. Le tissu mammaire se caractérise par sa capacité d’adaptation à une grande variété de conditions changeantes. Cette capacité d’adaptation est appelée plasticité du tissu mammaire. Chez les ruminants laitiers, la lactation est mise à l’épreuve par des modifications qui peuvent soit être induites délibérément, comme la modification des pratiques de gestion, soit se produire involontairement, lorsque des contraintes environnementales défavorables se présentent. Ces modifications peuvent entraîner à la fois des changements immédiats dans la production et la composition du lait ainsi que des effets résiduels qui persistent après la période difficile. Cet examen critique porte sur les connaissances actuelles concernant les mécanismes cellulaires qui sous-tendent la plasticité du tissu mammaire. Les principaux mécanismes qui contribuent à ce phénomène sont les changements dans l’activité et le nombre des cellules épithéliales mammaires (CEM). Les changements dans le nombre de ces cellules résultent des variations dans les taux de prolifération et de mort des cellules ainsi que des changements dans le taux d’exfoliation des CME. Le nombre de CME dépend également du nombre de cellules souches mammaires adultes résidentes et de leurs progéniteurs, qui peuvent régénérer les pools des différentes cellules mammaires. Il a été démontré que plusieurs facteurs, notamment les changements dans la fréquence de la traite, dans le niveau d’approvisionnement alimentaire et les manipulations hormonales, modulent la production de lait ainsi que les changements dans l’activité, le renouvellement et l’exfoliation des cellules mammaires. Les changements épigénétiques pourraient être un mécanisme d’adaptation supplémentaire. En effet, des changements dans la méthylation de l’ADN et des réductions de la production de lait ont été observés lors de la traite quotidienne unique et lors de la mammite chez les vaches laitières, des changements qui pourraient avoir des effets permanents sur l’activité cellulaire. Contrairement à ce qui a été présumé pendant longtemps, aucun effet de résiduel sur la production de lait n’a été observé après une baisse de l’offre alimentaire chez la vache laitière ou une modification de la fréquence de traite chez la chèvre laitière, même si le nombre de cellules mammaires a été modifié. De plus, on a montré que la plasticité du tissu mammaire dépend du stade de lactation, de l’état de santé de l’animal et de facteurs génétiques. En conclusion, divers mécanismes cellulaires sous-tendent la plasticité du tissu mammaire, qui peut ou non manifester des propriétés élastiques (sans déformation permanente) en réponse aux changements environnementaux.

Date de publication

2019-07-01

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