Évaluation de la gestion du pâturage dans les systèmes de production de viande bovine sur l’intensité des gaz à effet de serre dans les Prairies canadiennes à l’aide de l’analyse du cycle de vie

Citation

Alemu, A.W., Janzen, H.H., Little, S., Hao, X.Y., Thompson, D.J., Baron, V., Iwaasa, A., Beauchemin, K.A., Kröbel, R., 2017. Assessment of grazing management on farm greenhouse gas intensity of beef production systems in the Canadian Prairies using life cycle assessment. Agricultural Systems 158, 1-13

Résumé en langage clair

L’intensité des gaz à effet de serre produits par les systèmes canadiens de production de viande bovine a diminué de 9 % lorsqu’on a utilisé un taux de chargement de pâturage élevé durant la phase vache-veau, et la productivité a augmenté de 17 à 25 %. Cependant, le gain en stock de carbone était plus élevé lorsque taux de chargement de pâturage était faible. Par ailleurs un taux élevé de chargement de pâturage pourrait diminuer la productivité à long terme du parcours.

Résumé

©2017. Le pâturage est une pratique courante dans le secteur des bovins de boucherie et fait partie intégrante de la gestion des pâturages et des parcours. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’effet de différents scénarios de gestion du pâturage sur l’intensité des gaz à effet de serre (GES) [kg d’équivalents dioxyde de carbone (CO2e) kg-1 bœuf] à la ferme dans les systèmes de production de bœuf dans l’Ouest canadien au moyen de l’analyse du cycle de vie. Une analyse du cycle de vie sur une période de 8 ans a été réalisée dans une ferme de bovins de boucherie hypothétique, mais typique de 120 vaches, 4 taureaux et leur progéniture. Les veaux ont été élevés en pâturage et les bovins de marché ont été engraissés au grain pendant 134 ± 11 jours en moyenne. Quatre scénarios de gestion du pâturage ont été examinés : i) pâturage léger en continu pour tous les bovins; ii) pâturage intensif en continu pour tous les bovins; iii) pâturage léger en continu pour les paires vache-veau et pâturage modéré en rotation pour les bovins de semi-finition; et iv) pâturage intensif en continu pour les paires vache-veau et pâturage modéré en rotation pour les bovins de semi-finition. Les émissions de gaz à effet de serre provenant de diverses sources dans l’exploitation ont été estimées à l’aide du modèle Holos pour l’ensemble d’une exploitation. La variation du carbone organique du sol due à chaque scénario de gestion du pâturage a été estimée à l’aide du modèle ICBM (Introductory Carbon Balance Model). Les données primaires du modèle proviennent d’études de gestion du pâturage à court et à long terme. L’intensité des gaz à effet de serre variait selon les scénarios de gestion du pâturage, allant de 14,5 à 16,0 kg de CO2e kg-1 de poids vif et de 24,1 à 26,6 kg de CO2e kg-1 poids de carcasse. L’intensité des gaz à effet de serre a diminué avec l’augmentation du taux de chargement du pâturage : avec le pâturage intensif, les GES étaient inférieurs de 9,2 % à ceux observés avec le pâturage léger (14,5 vs 16,0 kg CO2e kg-1 poids vif, respectivement). L’intensité des GES était semblable (< 3 %) entre le pâturage léger en continu pour tous les bovins et le pâturage léger en continu pour les paires vache-veau et pâturage modéré en rotation pour les bovins de semi-finition de même qu’entre le pâturage intensif en continu pour tous les bovins et le pâturage intensif en continu pour les paires vache-veau et pâturage modéré en rotation pour les bovins de semi-finition, ce qui signifie que l’utilisation d’un pâturage modéré rotatif pour la semi-finition (après un pâturage léger en continu ou intensif en continu pour les paires vache-veau) n’a eu aucun effet sur l’intensité globale estimée. Cependant, le pâturage léger en continu pour les paires vache-veau et pâturage modéré en rotation pour les bovins de semi-finition a entraîné une intensité de GES de 7 % supérieure à celle du pâturage intensif en continu pour les paires vache-veau et pâturage modéré en rotation pour les bovins de semi-finition (15,6 vs 14,6 kg CO2e kg-1 poids vif, respectivement). L’efficacité moyenne de la production agricole (kg de viande bovine par unité de surface) était de 17 à 25 % plus élevée pour les scénarios avec pâturage intensif qu’avec les scénarios à pâturage léger. Indépendamment de la gestion du pâturage, les émissions de méthane provenant de la fermentation entérique étaient la principale source d’émissions (67-68 % des émissions totales), suivies par l’oxyde nitreux (14-16 % des émissions totales) provenant de la gestion du fumier. Le taux de séquestration du carbone dans le sol variait de 0,01 Mg C ha-1 an-1 pour les scénarios à pâturage intensif à 0,46 Mg C ha-1 an-1 pour un champ de triticale utilisé pour le pâturage en andains. Lorsque la séquestration du C dans le sol a été incluse dans l’analyse des émissions totales, les estimations de l’intensité des GES ont diminué de 12 à 25 %, et il n’y avait pas de différence l’intensité estimée selon les scénarios. La plus forte réduction de l’intensité des GES résultant de la séquestration du C dans le sol a été observée pour le pâturage léger en continu (22 %) et le pâturage léger en continu pour les paires vache-veau et pâturage modéré en rotation pour les bovins de semi-finition (25 %), car ces types de gestion du pâturage ont permis la séquestration d’une plus grande quantité de carbone que les scénarios de pâturage intensif continu. Dans l’ensemble, les résultats de notre étude montrent que la gestion du pâturage a un effet sur l’intensité des GES de la production de viande bovine en influençant la qualité du régime alimentaire, le rendement des animaux et la modification de la teneur en C du sol. Cette étude souligne également l’importance de prendre en compte toutes les sources et tous les puits d’émissions au sein d’un système de production de viande bovine lors de l’estimation de ses effets environnementaux.