Effets du 3-nitrooxypropanol sur la production de méthane entérique, la fermentation dans le rumen et le comportement alimentaire des bovins de boucherie recevant un régime à haute teneur en fourrages ou en céréales
Citation
Kim, S.H., Lee, C., Pechtl, H.A., Hettick, J.M., Campler, M.R., Pairis-Garcia, M.D., Beauchemin, K.A., Celi, P., Duval, S.M. (2019). Effects of 3-nitrooxypropanol on enteric methane production, rumen fermentation, and feeding behavior in beef cattle fed a high-forage or high-grain diet. Journal of Animal Science, [online] 97(7), 2687-2699. http://dx.doi.org/10.1093/jas/skz140
Résumé en langage clair
L’additif alimentaire 3-nitrooxypropanol (3-NOP) s’est révélé efficace pour atténuer le méthane entérique, avec des effets uniformes dans toutes les études, indépendamment de l’espèce animale et de la composition du régime alimentaire. Bien qu’elle ne soit pas signalée chez les bovins laitiers, la diminution du méthane avec le 3-NOP chez les bovins de boucherie recevant des aliments riches en fourrages ou en céréales est souvent associée à une diminution de la consommation d’aliments. L’objectif de l’étude était de déterminer si l’ajout de 3-NOP au régime alimentaire influe sur le comportement alimentaire en modifiant la consommation d’aliments et la fermentation dans le rumen. Deux expériences ont été menées avec des bouvillons de boucherie. Nous avons constaté que le 3-NOP n’avait pas d’incidence sur le comportement alimentaire des bouvillons qui recevaient une ration à forte teneur en fourrages ou en céréales. La fermentation dans le rumen a été modifiée de façon similaire lorsque le 3-NOP était ajouté dans la ration ou infusé dans le rumen. Ainsi, les changements observés dans la fermentation ruminale avec le 3-NOP n’étaient pas dus à des changements dans le comportement alimentaire indiquant que la substance n’a pas eu d’effet sur la sapidité de la ration.
Résumé
©Les auteurs, 2019. L’objectif de l’étude était de déterminer si l’alimentation supplémentée par du 3-nitrooxypropanol (3-NOP) influe sur le comportement alimentaire en modifiant la consommation d’aliments et la fermentation dans le rumen. Deux expériences ont été menées avec 9 bouvillons de boucherie munis d’une canule ruminale répartis selon un plan en carré latin 3 × 3 répété où les animaux recevaient une ration à forte teneur en fourrages ou en céréales. Les traitements étaient les suivants : ration de base (témoin); ration de base (témoin) supplémentée avec du 3-NOP (dNOP; 100 mg/kg en MS alimentaire ou 1 g/j); ou ration de base (témoin) avec infusion ruminale de 3-NOP (1 g/j) (infNOP). Chaque période expérimentale consistait en une adaptation au régime alimentaire sur 14 jours et en un prélèvement d’échantillons sur 7 jours. Une période tampon de 7 jours était prévue entre les périodes expérimentales. Toutes les données ont été analysées selon un plan en carré latin avec la procédure mixte du SAS. Dans l’Exp. 1 (régime à forte teneur en fourrages), le rendement en méthane (mesuré par le système Greenfeed) a été réduit de 18 % (18,6 vs 22,7 g/kg MSI; p < 0,01) avec le traitement dNOP par rapport au témoin. La fermentation ruminale a été modifiée de manière similaire par les deux traitements NOP par rapport au témoin : le dNOP et l’infNOP ont augmenté (p < 0,01) le pH du rumen à 3 h et diminué (p < 0,01) la proportion d’acétate dans les acides gras volatils totaux. Cependant, la MSI, la vitesse d’ingestion (0 à 3, 3 à 6, 6 à 12, et 12 à 24 h après le repas), la distribution de la taille des particules alimentaires refusées et le comportement alimentaire (enregistré sur vidéo pour chaque animal sur 48 h) n’ont pas varié avec les traitements (dNOP et infNOP) par rapport au témoin. Dans l’Exp. 2 (régime à forte teneur en céréales), les traitements (dNOP et infNOP) n’ont pas influé sur la production de méthane par comparaison avec le témoin. La matière sèche ingérée, la vitesse d’ingestion d’aliments, la distribution granulométrique des aliments refusés et le comportement alimentaire n’ont pas été modifiés par le dNOP et l’infNOP par rapport au témoin. Cependant, le dNOP et l’infNOP ont tous les deux eu un effet sur la fermentation dans le rumen, où les acides gras volatils (AGV) totaux ont diminué (p = 0,04) et la proportion d’acétate dans les AGV totaux a eu tendance à diminuer (p = 0,07) par rapport à ce qui a été observé avec la ration témoin. En conclusion, la supplémentation alimentaire en 3-NOP n’a pas eu d’effet sur le comportement alimentaire des bouvillons nourris avec une ration à forte teneur en fourrages ou en céréales. La fermentation ruminale a toutefois été modifiée avec le 3-NOP, quelle que soit la forme sous laquelle il a été ajouté. Ainsi, les changements observés dans la fermentation ruminale avec le 3-NOP n’étaient pas dus à des changements dans le comportement alimentaire, ce qui indique que le 3-NOP n’a pas eu d’effet sur les propriétés organoleptiques des aliments. De plus, selon les changements faibles ou nuls dans la MSI dans les deux expériences et des changements relativement faibles de la fermentation ruminale dans l’Exp. 2, il faudrait examiner plus en détail les effets de l’ajout d’une quantité de 3-NOP supérieure à 100 mg/kg (MS alimentaire) sur le comportement alimentaire des bovins de boucherie.