Antimicrobiens injectables chez les bovins en parc d'engraissement commercial et leur effet sur le microbiote nasopharyngé et la résistance aux antimicrobiens

Citation

Holman, D.B., Timsit, E., Booker, C.W., Alexander, T.W. (2018). Injectable antimicrobials in commercial feedlot cattle and their effect on the nasopharyngeal microbiota and antimicrobial resistance. Veterinary Microbiology, [online] 214 140-147. http://dx.doi.org/10.1016/j.vetmic.2017.12.015

Résumé en langage clair

En Amérique du Nord, les bovins de boucherie sont habituellement transportés vers un parc d’engraissement où ils sont soumis à un régime riche en céréales jusqu’à l’abattage. Le complexe respiratoire bovin (CRB), également appelé fièvre des transports, reste la cause la plus courante de morbidité et de mortalité après l’arrivée en parc d’engraissement, et il entraîne des pertes économiques importantes. Les bovins jugés à haut risque de contracter le CRB au début de la période d’alimentation (récemment sevrés, de poids léger, mélangés, provenant d’un marché aux enchères, etc.) reçoivent souvent, au moment de leur arrivée au parc d’engraissement, une injection unique d’un antibiotique tel que le florfénicol, la tilmicosine, la tulathromycine ou l’oxytétracycline pour prévenir le CRB. Étant donné que l’utilisation d’antimicrobiens peut mener à la résistance aux antimicrobiens, il est important d’évaluer les effets de ces substances afin de maintenir l’efficacité de la lutte contre les maladies. Cette étude visait donc à examiner l’effet d’une injection unique d’antibiotique au moment de l’arrivée en parc d’engraissement sur le microbiote nasopharyngé des bovins de boucherie dans un système d’engraissement commercial au cours des 60 premiers jours de production. Nous avons également déterminé l’effet de ces antimicrobiens sur les déterminants de la résistance aux antimicrobiens. Nous avons constaté que l’administration d’oxytétracycline ou de tulathromycine modifiait le microbiote nasopharyngé des bovins en parc d’engraissement. Les bovins qui avaient reçu de l’oxytétracycline ou de la tulathromycine à leur arrivée au parc d’engraissement présentaient également une plus faible abondance relative d’agents pathogènes du CRB à leur sortie (≥ 60 j). Enfin, l’administration d’oxytétracycline a augmenté la proportion du gène de résistance tet(H) dans le microbiote nasopharyngé. Ces résultats montrent que chez les bovins en parc d’engraissement qui reçoivent une dose préventive d’antimicrobiens dans leur alimentation, une seule injection d’oxytétracycline ou de tulathromycine entraîne des changements mesurables dans le microbiote nasopharyngé au cours des 60 premiers jours suivant leur arrivée en parc d’engraissement.

Résumé

En Amérique du Nord, les bovins de boucherie à risque élevé de développer la maladie due au complexe respiratoire bovin (CRB) reçoivent souvent une injection métaphylactique d’antibiotiques pour prévenir la maladie. Les bovins peuvent également recevoir des antimicrobiens dans l’alimentation pour prévenir certaines maladies et des ionophores pour améliorer leur croissance et leur indice de consommation. Actuellement, les tentatives d’évaluation des effets de ces médicaments sur la résistance aux antibiotiques dans le microbiote nasopharyngé des bovins se sont concentrées sur les bactéries cultivables associées au CRB. Nous avons donc évalué les effets des antibiotiques injectables sur le microbiote nasopharyngé des bovins de parcs d’engraissement commerciaux en Alberta, au Canada, pendant les 60 premiers jours d’alimentation. Même si tous les bovins participant à l’étude recevaient aussi de la chlortétracycline et du monensin par leur alimentation, une injection unique d’oxytétracycline ou de tulathromycine lors de l’arrivée au parc d’engraissement a modifié le microbiote nasopharyngé par rapport aux bovins recevant uniquement des antibiotiques par voie alimentaire. L’oxytétracycline a significativement (P < 0,05) réduit l’abondance relative des Mannheimia spp. depuis l’entrée au parc d’engraissement jusqu’à la sortie (≥ 60 j), et les bovins traités à l’oxytétracycline et à la tulathromycine présentaient une abondance relative de Mycoplasma spp. significativement plus faible à leur sortie du parc d’engraissement que le groupe qui recevait des antibiotiques uniquement dans l’alimentation. La proportion du gène de résistance à la tétracycline tet(H) a significativement augmenté après l’injection d’oxytétracycline (P < 0,05). L’oxytétracycline a également réduit le nombre d’unités taxinomiques opérationnelles (UTO) et l’indice de diversité de Shannon dans le microbiote nasopharyngé (P < 0,05). Ces résultats montrent que chez les bovins de parc d’engraissement qui reçoivent une dose préventive d’antimicrobiens dans leur alimentation, une seule injection d’oxytétracycline ou de tulathromycine entraîne des changements mesurables dans le microbiote nasopharyngé au cours des 60 premiers jours suivant leur arrivée en parc d’engraissement.