Ajout de tanins condensés au régime des bovins de parcs d’engraissement recevant une ration de finition à haute teneur en protéines contenant des drêches de distillerie pour atténuer les émissions d’ammoniac
Citation
Koenig, K.M., Beauchemin, K.A., McGinn, S.M. (2018). Feeding condensed tannins to mitigate ammonia emissions from beef feedlot cattle fed high-protein finishing diets containing distillers grains. Journal of Animal Science, [online] 96(10), 4414-4430. http://dx.doi.org/10.1093/jas/sky274
Résumé en langage clair
La production animale joue un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire, mais les systèmes d’élevage sont de grands émetteurs d’ammoniac. L’ammoniac est préoccupant car il peut former des produits secondaires dans l’atmosphère, contribuant ainsi à la formation de particules fines et à la réduction de la qualité de l’air. Par ailleurs, lorsque ces particules se déposent, elles peuvent endommager les écosystèmes naturels. Les drêches de distillerie, principal sous-produit de la production d’éthanol à partir de céréales, représentent une source d’énergie économique et remplacent maintenant de 15 à 40 % des céréales traditionnelles dans l’alimentation des bovins de boucherie. Cependant, la concentration en protéines est trois fois supérieure à celle de la céréale mère, et par conséquent les besoins en protéines des bovins sont régulièrement dépassés. Les protéines (azote) consommées en excès des besoins sont excrétées en grande partie sous forme d’urée qui est rapidement convertie en ammoniac. Les tanins condensés sont présents chez différentes espèces végétales et sont bien connus pour leur affinité à se lier à des protéines. Nous avons constaté que l’utilisation de petites quantités d’un extrait de tanins condensés dans l’alimentation des bovins de parcs d’engraissement en pleine croissance nourris avec des rations à haute teneur en protéines contenant des drêches de distillerie permettait de réduire les émissions d’ammoniac de 23 % et n’avait pas d’incidence négative sur la performance de croissance ou les caractéristiques de la carcasse. De plus, la concentration d’urée plasmatique chez les bovins qui recevaient l’extrait de tanins condensés était plus faible, ce qui signifie que la digestion des protéines dans le tractus gastro-intestinal et l’excrétion d’urée dans l’urine étaient réduites. La mise au point de tanins végétaux comme additifs alimentaires naturels pour modifier la digestion des protéines et réduire l’excrétion et la perte d’azote uréique labile permettra aux éleveurs de bovins de tirer parti de la rentabilité des sous-produits alimentaires existants et nouveaux dans des systèmes de production écologiquement durables.
Résumé
©Les auteurs, 2018. Publié par l’Oxford University Press au nom de l’American Society of Animal Science. Tous droits réservés. Deux expériences ont été menées pour déterminer les effets de l’ajout d’un extrait de tanins condensés (TC) sur l’ingestion de matière sèche (IMS), la performance de croissance, les caractéristiques de la carcasse et les émissions de NH3-N de bovins de parcs d’engraissement recevant une ration de finition à base d’orge à haute teneur en protéines. Dans l’Exp. 1, 36 bouvillons croisés (346 ± 4,2 kg) ont reçu individuellement 4 rations avec 20 % de drêches de distillerie (DD) de maïs séchées et des concentrations croissantes d’un extrait de tanins condensés (TC) d’Acacia mearnsii (acacia noir) à 0 %; 1,2 %; 2,4 % et 3,5 % de MS (9 bouvillons par ration) pendant 52 jours. La quantité de matière sèche ingérée n’a pas varié avec 1,2 % et 2,4 % d’extrait de TC, mais a eu tendance (p = 0,08, effet quadratique) à diminuer avec 3,5 % d’extrait de TC. L’augmentation de la quantité d’extrait de TC n’a pas eu d’effet (p ≥ 0,12) sur le gain quotidien moyen, mais l’indice de conversion a eu tendance (p = 0,09) à diminuer de façon linéaire. Dans l’Exp. 2 qui a duré 83 jours, 148 bouvillons croisés (457 ± 3,8 kg) ont été répartis dans 16 enclos avec 4 enclos par traitement dans un plan complètement aléatoire. Les 4 traitements alimentaires comprenaient 0 % de DD de maïs (0DD), 20 % de DD (20DD), 40 % de DD (40DD) et 40 % de DD avec 2,5 % d’extrait de TC (40DDTC) et contenaient 13,3; 15,9; 20,4 et 19,4 % de protéines brutes, respectivement. Tous les bovins ont été pesés et le sang de 5 bouvillons par enclos a été prélevé toutes les 3 semaines. Les émissions d’ammoniac ont été mesurées sur quatre périodes de trois semaines à l’aide de la technique du flux horizontal intégré avec des échantillonneurs passifs de NH3 dans deux enclos de bovins qui recevaient les traitements 0DD et 20DD (période 1), les traitements 40DD et 40DDTC (période 2), les traitements 0DD et 40DD (période 3), et les traitements 0DD et 40DDTC (période 4). Le régime alimentaire n’a eu aucun effet (p ≥ 0,15) sur le poids corporel final (621 ± 7,1 kg), la quantité de matière sèche ingérée (11,9 ± 0,25 kg/j), le gain quotidien moyen (1,98 ± 0,07 kg/j), l’indice de conversion (166 ± 5,4 g/kg) ou les caractéristiques de la carcasse. En passant de la ration 0DD à 40DD, la quantité d’azote uréique plasmatique a augmenté (p < 0,001; 113 à 170 ± 6,0 mg N/L); avec la ration 40DDTC, elle était inférieure (p < 0,001; 146 mg N/L) à ce qui a été observé avec la ration 40DD. Elle a aussi eu tendance (p = 0,09) à être réduite chez les bouvillons qui recevaient la ration 20DD (153 mg N/L). Les émissions d’azote ammoniacal étaient plus importantes chez les bovins recevant la ration 40DD [113,7 vs 70,8 ± 4,57 g N/(bouvillon-jour), p = 0,003] et ont eu tendance à être plus importantes chez ceux recevant la ration 20DD [51,3 vs 26,3 ± 11,2 g N/(bouvillon-jour), p = 0,11] que chez ceux qui recevaient la 0DD. Les bovins qui ont reçu la ration 40DDTC avaient tendance à avoir moins d’émissions de NH3-N que ceux qui ont reçu la ration 40DD [72,7 vs 95,1 ± 9,3 g N/(bouvillon-jour), p = 0,09 et 20,5 vs 26,5 ± 2,64 % d’azote ingéré, p = 0,11]. L’ajout de 2,5 % de TC à l’alimentation des bovins de parcs d’engraissement nourris avec une ration riche en protéines n’a pas eu d’incidence négative sur la performance de croissance, mais a réduit la concentration d’azote uréique plasmatique, témoignant d’une excrétion plus faible d’azote uréique dans l’urine, et a aussi réduit les émissions de NH3-N de 23 %.